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- Lutte ouvrière n°1851
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Dans les entreprises
SNCF : À Paris-Nord, des grévistes de mai convoqués chez les flics !
En mai-juin 2003, certains d'entre nous ont fait plus de deux semaines de grève contre les attaques gouvernementales sur les retraites. Lors d'actions et occupations traditionnelles, décidées en assemblées générales (comme dans de nombreuses grèves antérieures telles qu'en 1995) et menées massivement, nous nous sommes vu envoyer quatre cars de police pour nous expliquer la liberté du travail. Mais cette fois, l'affaire n'est pas restée sans suite. Soixante cheminots (sur la région de Paris-Nord) ont été sanctionnés par des demandes d'explication (genre d'avertissement maison) suivies de plusieurs mises à pied (c'est-à-dire d'un vol sur le salaire). Par ailleurs, en refusant de reconnaître à certains le droit de grève et en les considérant abusivement en absence irrégulière, la direction a pratiqué à l'époque un autre racket sur les salaires, par des retraits largement supérieurs à ceux des jours de grève. Ce fut une innovation (si on peut dire!) menée à l'échelle nationale.
Mais ce n'était pas encore le solde de tout compte! Il y a huit jours, plus de six mois après les événements de mai-juin derniers, sont arrivées des suites de plaintes de la SNCF, contre "X", mais citant nommément 25 agents de conduite grévistes de Paris-Nord. Quatre d'entre eux étaient convoqués le 19 janvier au commissariat pour s'expliquer sur des "occupations"!
La convocation a soulevé quelque émotion! Beaucoup de discussions, beaucoup de solidarité, une pétition (signée par 600 cheminots en quelques jours, dont des membres de l'encadrement), des affiches appelant à se rassembler à la police au jour et à l'heure du rendez-vous. Une centaine de personnes ont répondu à l'appel, des agents de conduite mais aussi des contrôleurs, des agents de vente, d'accueil et des dépôts, c'est-à-dire bien au-delà du secteur concerné. Les traditionnelles torches à flamme rouge étaient de la partie. L'ambiance était chaude. Qu'à cela ne tienne, la direction n'en démord pas de vouloir donner suite.
Les plaintes peuvent être simplement classées, comme elles peuvent avoir des conséquences. Patrons de la SNCF et gouvernement durcissent le ton. Les sales coups se multiplient. Pas d'augmentation de salaires. Des nouvelles annonces de suppressions d'effectifs. De nouvelles attaques contre le service public. Et par-dessus le marché, des attaques contre le droit de grève, une politique de gendarme d'un nouveau style à laquelle la direction semble vouloir s'exercer.
Mais il peut lui en cuire aussi. Les cheminots tiennent à défendre leur droit de grève. Et tous soulignaient comment la direction a le culot de pleurer sur la libre circulation des trains pour attaquer des grévistes, mais organise allégrement et quotidiennement le bazar (trains retardés, trains supprimés) par sa politique d'économies et de sous-effectifs.