Yémen : après huit ans de guerre19/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2855.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Yémen : après huit ans de guerre

La rencontre, mi-avril, entre l’ambassadeur saoudien au Yémen et le chef des milices houthistes, opposées au gouvernement yéménite soutenu par l’Arabie saoudite, ou encore l’échange de prisonniers entre les belligérants, annoncent-ils la fin de la guerre déclenchée par la monarchie saoudienne il y a maintenant huit ans ?

Pour l’instant, il n’est toujours pas question d’établir un cessez-le-feu permanent. Une trêve entre les milices houthistes et celles du gouvernement devrait être décidée, et le blocus, imposé par l’Arabie saoudite aux ports yéménites et à l’aéroport de Sanaa, la capitale, devrait être levé. En échange en quelque sorte, les milices houthistes s’engageraient à lever le siège de Taëz, la troisième plus grande ville du pays. Le réchauffement des relations entre les deux puissances régionales, l’Arabie saoudite et l’Iran qui soutient et arme les milices houthistes, explique sans doute ces quelques avancées.

Cette guerre, la monarchie saoudienne l’a déclenchée suite à la conquête de la capitale par la rébellion houthiste, le 26 mars 2015. Comme elle l’avait fait à maintes reprises dans le passé, elle voulait s’assurer le contrôle d’un pays qui fait partie de sa zone d’influence. La frontière du Yémen avec l’Arabie saoudite s’étire sur 1 770 kilomètres et, surtout, il contrôle le détroit de Bab el-Mandeb par lequel transite le quart du pétrole mondial et 10 % du commerce maritime international. Autant dire que les puissances impérialistes attendaient de l’Arabie saoudite qu’elle joue son rôle de gendarme et que l’intervention saoudienne s’est faite avec leur assentiment. Mais ce conflit, qui devait se régler en quelques semaines, est devenu pour l’Arabie saoudite un véritable bourbier, dont elle aimerait s’extirper sans perdre la face.

La population yéménite, quant à elle, paie le prix fort. Les combats ont provoqué au moins 400 000 victimes, d’après l’ONU. Plus de 17 millions de personnes, sur les 26 que compte le Yémen, sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire aiguë selon l’Unicef. À la faveur de la guerre, à côté des milices houthistes, divers groupes djihadistes ont surgi ou se sont renforcés, dont la branche d’al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) ou encore l’État islamique.

La désagrégation de l’État, l’aggravation de la misère dans un pays déjà parmi les plus pauvres du monde, les bombardements ont enfoncé le Yémen dans le chaos, une évolution dramatique qu’ont déjà connue bien d’autres pays.

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