Maroc : manifestation contre la vie chère et la répression07/12/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/12/2836.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : manifestation contre la vie chère et la répression

Dimanche 4 novembre, des milliers de manifestants ont défilé dans le centre de Rabat, la capitale du Maroc, pour dénoncer la baisse du pouvoir d’achat causée par l’envolée des prix des carburants et des produits alimentaires.

Les prix des produits alimentaires ont augmenté de près de 14 % en moyenne entre août 2021 et août 2022. Le prix de l’huile d’olive, l’un des produits de base, a été multiplié par deux en un an. Le pouvoir d’achat des plus pauvres est aussi plombé par la hausse des coûts de transport, qui a été d’environ 13 % en un an.

En septembre, le gouvernement a concédé une petite augmentation du smig (+ 5 %) et du smag (salaire minimum agricole garanti : + 10 %), ainsi qu’une revalorisation de 5 % des pensions de retraite. Mais ces hausses sont loin de compenser celles des prix et, de toute façon, ne concernent pas tous les travailleurs du Maroc, où près de 30 % des emplois appartiennent à l’économie informelle.

Le Front social, regroupement de plusieurs partis, associations et syndicats de gauche, qui appelait à cette manifestation, voulait aussi dénoncer la répression toujours plus féroce contre les opposants politiques. Depuis le soulèvement populaire (Hirak) de 2017 dans le Rif, de nombreux manifestants sont toujours en prison. L’un des dirigeants du Hirak, Nasser Zefzafi, purge une peine de vingt ans de prison dans des conditions déplorables, privé des soins médicaux dont il aurait besoin.

Ces derniers mois, de nouveaux opposants ont écopé de peines de prison injustifiées. Rida Benotmane, membre de l’Association marocaine des droits humains, a été condamné à trois ans de prison et à une amende de 20 000 DH (1 800 euros) pour avoir critiqué le régime sur les réseaux sociaux. Mohammed Ziane, ancien ministre des Droits de l’homme entre 1995 et 1996, a aussi écopé de trois ans de prison (alors qu’il est âgé de près de 80 ans) pour les motifs les plus fantaisistes, dont outrage à des fonctionnaires publics, diffamation ou… adultère. Plusieurs dizaines d’autres opposants sont actuellement derrière les barreaux, avec des condamnations très lourdes, pour le simple fait d’avoir critiqué le pouvoir.

Après avoir harcelé et détruit les médias indépendants, le pouvoir s’en prend aux réseaux sociaux. Mais bâillonner une population n’a jamais empêché les révoltes contre l’exploitation, les inégalités et les injustices.

Partager