Leur société

Airbus : petits pots-de-vin et gros contrats

Jeudi 24 novembre, Airbus a passé un accord avec le Parquet national financier. L’entreprise accepte de payer une amende contre l’abandon des charges de corruption qui pèsent sur elle.

Airbus est en effet impliqué depuis de nombreuses années dans des affaires de pots-de-vin, notamment en Libye et au Kazakhstan. Plusieurs millions d’euros auraient atterri sur différents comptes en banque après la signature de contrats substantiels : douze avions Airbus au dictateur libyen Kadhafi fin 2006, ainsi que 45 hélicoptères et un centre de satellites au président-dictateur kazakh Tokaïev entre 2009 et 2010. Pour arrêter les poursuites, le groupe a donc négocié une amende, qui serait d’environ vingt millions d’euros, ridicule au regard des sommes en jeu dans les contrats d’aviation. Celui avec le Kazakhstan se serait élevé à deux milliards d’euros.

Le groupe affirme bien sûr que cet accord solde le passé, qu’il aurait changé de politique. On connaît bien le refrain: « C’était la faute de quelques dirigeants malintentionnés. » En réalité, la corruption n’est ni le fait de cadres malveillants ni un phénomène marginal. C’est une pratique quotidienne du monde des affaires. Pour décrocher un contrat , il faut y mettre le prix face aux concurrents. C’est la loi du marché ! Des rétrocommissions au Pakistan sous Balladur à Lafarge payant son tribut à des groupes djihadistes, on ne compte plus les affaires du genre. Tout le monde le sait, à commencer par les gouvernements qui emmènent toujours les patrons des grands groupes dans leurs déplacements diplomatiques. Évidemment, il vaut mieux ne pas se faire prendre la main dans le sac mais, lorsque cela arrive, les patrons corrupteurs peuvent toujours compter sur un arrangement avec l’État.

Airbus lorgne à présent sur un contrat à 28 milliards d’euros avec l’Arabie saoudite. Le montant des dessous de table sera révélé, peut-être, dans quelques années.

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