Dans les entreprises

Compin – Évreux : tête haute devant le patron

Il y a deux mois, la direction de l’usine Compin à Évreux, dans l’Eure, avait annoncé 55 licenciements pour le 2 novembre. Depuis, les travailleurs avec les militants CGT, seul syndicat dans l’usine, ne sont jamais restés l’arme au pied.

tête haute devant le patron

Au terme d’une grève de trois jours, une victoire morale a été remportée sur le patron.

Dans cette usine de 113 salariés, fabriquant des sièges de train ou de métro, certains sont à quelques mois de la retraite, d’autres ont cinq ou six ans d’ancienneté, de jeunes enfants et des emprunts à rembourser. Beaucoup ont dix, vingt ans, trente ans chez Compin et ont suivi l’usine quand elle avait été délocalisée dans le département, de Brionne à Évreux. Pour tous, la direction n’annonce que le minimum légal pour un licenciement. Elle vient d’être condamnée en justice à 30 000 euros d’amende pour délit d’entrave. Le report d’une réunion avec les élus du personnel CGT a été ressenti une nouvelle fois comme du mépris.

Mardi 25 octobre, un peu plus de la moitié des salariés n’ont pas pris le travail et la production a été stoppée. Il n’y avait pas de blocage des accès, mais le piquet de grève a invité un chauffeur de poids lourd à se garer plus loin, ce qu’il a fait volontiers. La grève a été reconduite le lendemain, et aussi le 27 octobre. Dans le cadre de la journée d’action nationale, l’union départementale CGT de l’Eure a apporté son soutien aux grévistes et fourni les structures pour un barbecue de lutte devant l’usine. Mais c’est surtout la manifestation dans la zone industrielle qui a donné le sentiment aux travailleurs soudés d’être une force.

La direction de Compin, ne pouvant plus rester sourde et aveugle, a rencontré les élus CGT, qui venaient régulièrement au piquet de grève et faisaient voter les grévistes. Durant ces trois jours de grève, une assemblée générale permanente s’est tenue et c’est ensemble que les travailleurs ont accepté la proposition de la direction de reculer de quinze jours l’annonce du plan social, avec l’engagement sur un protocole de discussions, et le paiement de deux jours de grève sur trois.

La reprise s’est déroulée avec le sentiment de s’être fait respecter par la direction et entendre des pouvoirs publics. Les services du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, ont organisé une visioconférence le 28 octobre avec les élus CGT, pour annoncer ce que tout le monde savait déjà, à savoir qu’ils ne pouvaient rien contre les licenciements.

Le répit de quinze jours imposé par la grève, les salariés de Compin sauront l’utiliser pour se préparer à se défendre collectivement, en comptant sur leurs armes de travailleurs, face à une direction qui ne fera aucun cadeau.

Partager