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Leur société
Aides aux TPE : les plus gros empocheront
Jeudi 27 octobre, Élisabeth Borne a annoncé la prise en charge par l’argent public à compter du 1er janvier 2023 d’une partie de la facture d’électricité des très petites entreprises, celles de moins de dix salariés, qui étaient jusqu’à maintenant à l’écart des aides.
En réalité, et comme toujours, ce seront les plus grosses entreprises qui seront le plus avantagées. Ainsi, à compter du 15 novembre, les entreprises de taille intermédiaire, de 250 à 4 999 salariés, et les grandes entreprises auront leur facture d’électricité en partie prise en charge quand elle aura augmenté de 50 %, et non plus de 100 %. Le plafond des aides va doubler, passant à 4 millions, 50 millions ou 100 millions d’euros en fonction de la taille de l’entreprise.
Élisabeth Borne a garanti que 7 milliards d’euros, sur les 12 milliards que coûteront ces soutiens publics, viendront de la taxe exceptionnelle sur les énergéticiens annoncée dans le prochain budget. Cela reste à voir mais, de toute façon, dans les quartiers et villes populaires, les boulangers-pâtissiers, bouchers-charcutiers, fleuristes, coiffeurs, etc., qui verront leur facture d’électricité un peu allégée, ne subissent pas seulement l’envolée du coût de l’énergie. Ils sont emportés dans la spirale de la flambée générale des prix. Ainsi, le prix des shampoings et colorants pour un coiffeur a monté de 7 à 8 % dans l’année, pour un boulanger-pâtissier la levure a augmenté de 70 %, la farine de 30 à 40 %, le beurre de 70 % et le sucre de 50 %. Maintenir la boutique à flot coûte de plus en plus cher, au risque de ne rien rapporter, au risque de ne plus pouvoir rembourser les emprunts, et les petits commerçants et artisans n’ont souvent d’autre recours que d’augmenter eux-mêmes leurs prix.
L’étau se referme d’autant plus que les prix à la consommation flambent pour les travailleurs et les classes populaires. Chaque euro compte et la consommation diminue. Les aides publiques ne compenseront pas le fléchissement voire l’effondrement des ventes du commerce de proximité, parce que le niveau de vie général est menacé d’écroulement. La bourgeoisie fait payer la crise de son système à la majorité de la population. En s’y opposant, en se battant pour des augmentations de salaire et pour défendre leurs conditions de vie, les travailleurs défendent aussi l’intérêt de toute la société, y compris celui des artisans et des commerçants menacés de faillite.