Leur société

Guadeloupe : la paix armée

La levée des barrages de la révolte sociale a été achevée, il y a une dizaine de jours, par une armada policière, après trois semaines de blocage de l’île. Puis, une timide ouverture de discussions s’est mise en place entre le collectif des organisations syndicales et politiques en lutte et les élus locaux.

Vendredi 10 décembre, après quinze heures de discussions, un protocole « d’accord de méthode » a été signé par les deux parties. En fait, il s’agit pour l’essentiel de la plate-forme de revendications du collectif. On sait que l’État demandait au collectif par la bouche de ­Lecornu, ministre de l’Outre-mer, qu’il « condamne les violences » avant d’assurer sa présence. Mardi 14 décembre, l’État était bel et bien absent à la table des discussions prévues à l’université de Fouillole. La délégation des élus locaux a alors refusé de poursuivre les discussions et a quitté la salle de réunion.

Autre mépris jeté à la face des élus, et donc de la population locale, ces derniers jours : le refus du préfet de rencontrer le président de région, Ary Chalus, à sa demande « car le ministre ne m’y a pas autorisé » aurait dit le préfet. Le reproche que l’on peut faire à Chalus est de ne pas avoir fait un vrai scandale de cette réponse, de ne pas avoir élevé le ton de manière à se faire entendre de toute l’île et même de l’Hexagone. Cette réponse digne d’un gouverneur des colonies est une vraie insulte.

Voilà donc dans quelle ambiance vont continuer les discussions d’avant négociation, mardi 14 décembre. Le collectif a lancé un appel à tous pour venir soutenir la délégation à l’université de Fouillole, dans les locaux de la fac de droit. Déjà, vendredi dernier, plusieurs centaines de militants et sympathisants étaient présents.

Samedi matin 11 décembre, environ 500 personnes ont défilé en soutien au collectif avec les « groupes à po » des quartiers de Pointe-à-Pitre. Car, malgré l’ambiance de fête de Noël, il s’agit de rappeler à tous que la lutte continue pour obtenir satisfaction sur la levée de toutes les sanctions à l’encontre des personnels qui refusent la vaccination, sur l’amélioration notable du réseau d’eau courante et potable, sur l’augmentation des salaires notamment et sur toute une série de revendications sociales sorties de la révolte populaire. Les grévistes du secteur de la santé et assimilés, ceux d’ArcelorMittal ne désarment pas. Nombreux sont ceux qui pensent et disent que seul un rapport de force encore plus important des travailleurs et de la population permettra de faire ravaler son mépris au gouvernement et au grand patronat.

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