Hôpital Saint-Antoine (AP-HP) : un coup de gueule qui fait du bien01/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2696.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Hôpital Saint-Antoine (AP-HP) : un coup de gueule qui fait du bien

Jeudi 26 mars à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris 12e, une trentaine de collègues de différents services se sont réunis dans la cour, à l’appel de la CGT. Il s’agissait de débattre de tous les problèmes auxquels il faut faire face, suite au changement d’organisation que l’hôpital connaît depuis le début de la crise du coronavirus.

Les patients atteints du Covid-19 sont en effet de plus en plus nombreux à arriver à l’hôpital, et chaque jour il faut en prendre davantage en charge.

Les présents au rassemblement se sont exprimés sur l’insuffisance criante de matériel de protection dans les services. Tout manque et il faut constamment faire des pieds et des mains pour obtenir le matériel rudimentaire que sont les masques de soins, les masques FFP2, les surblouses, ou encore les lunettes de protection. Quant au sous-effectif, chronique à l’hôpital, il a lui aussi été dénoncé.

Les collègues ont également évoqué leurs difficultés à venir au travail : alors que les transports en commun ont été réduits, la direction de l’hôpital n’a pris que de maigres mesurettes, comme quelques hébergements à proximité de l’hôpital, et des bons d’essence ou de taxis… mais le tout avec tant de parcimonie et une communication tellement discrète qu’on est vraiment loin du compte.

À l’issue de ce rassemblement, la vingtaine de présents ont décidé, mégaphone en main, de se diriger vers les bureaux de la direction pour aller lui demander des comptes. Les cris et les slogans de tous ont contraint l’adjointe du directeur à s’extraire de la réunion de direction à laquelle elle était en train d’assister. Refusant d’entendre les revendications des aides-soignantes, secrétaires hospitalières et infirmières, qui lui faisaient face, elle a eu l’aplomb de leur déclarer : « Vous croyez qu’on n’a que ça à faire en ce moment… ? On est débordés. » Cette petite phrase pleine d’arrogance a mis tout le monde en colère, entraînant plusieurs soignantes indignées à raconter ce qu’elles vivent actuellement dans les services. Leur répondre de cette façon était les mépriser encore plus car s’il y en a qui sont « débordées » en ce moment, ce sont bien elles !

Au bout de quelques minutes, la directrice, plutôt que d’être obligée de répondre aux revendications posées, a opté… pour la fuite.

La scène a été filmée par plusieurs téléphones portables ; dès le lendemain, elle s’est retrouvée sur les réseaux sociaux, a été partagée des milliers de fois, et a été vue des centaines de milliers de fois. Le mépris distillé quotidiennement s’étalait publiquement et un certain nombre de collègues s’en sentaient vengés.

Cela a fait le tour de l’hôpital, et beaucoup ont regretté de ne pas avoir pu être là, et une chose est sûre : cela a donné envie à beaucoup d’être présents la prochaine fois !

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