Espagne : une situation sanitaire scandaleuse01/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2696.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : une situation sanitaire scandaleuse

Lundi 30 mars, le bilan de l’épidémie était très lourd en Espagne avec 85 195 contaminés et 7 349 morts. Depuis des années, comme dans bien d’autres pays, le système de santé a été dégradé et privatisé. C’est particulièrement le cas à Madrid. D’immenses manifestations appelées « les marées blanches » avaient tenté de s’opposer à cette politique de « rentabilisation » et de privatisation des hôpitaux.

Aujourd’hui, la terrible crise sanitaire met en évidence le manque criant de masques, de gel, de respirateurs, de personnel qualifié dans les hôpitaux ou les maisons de retraite. Elle provoque de nombreuses réactions d’indignation dans toute l’Espagne.

Le mépris patronal s’est montré dès le début de la crise. Les directions des entreprises tenaient à maintenir à leur poste des milliers de travailleurs, contre l’avis des autorités médicales et sans protections réelles. Cette politique criminelle a contribué à aggraver la propagation du virus. L’exemple le plus frappant a été Airbus, qui a obligé à travailler alors que des centaines de travailleurs étaient contaminés. Le syndicat CGT a dû déclencher une grève illimitée afin que le personnel puisse rester chez lui et se protéger, mais en ne percevant aucun salaire !

L’ensemble des dirigeants d’entreprise ont fait comme Airbus. CLECE, la société du milliardaire Florentino Perez (propriétaire du Real Madrid) a licencié les employés qui signalaient le manque de matériel dans les maisons de retraite. L’objectif était clair : silence sur les drames et les carences et maintien des activités pour ne pas faire baisser les dividendes des actionnaires.

Ces mêmes entreprises utilisent la grande presse qu’elles contrôlent pour faire savoir par des articles élogieux qu’elles ont versé quelques millions pour aider à combattre la pandémie !

Face à l’urgence sanitaire et au cynisme patronal, le gouvernement « de progrès », associant le PSOE (Parti socialiste) et l’alliance Unidad-Podemos, a d’abord servi les patrons. Dès le début de la crise, les « mesures de progrès » ont profité aux banques et aux grandes entreprises, avec 100 milliards de garanties qui ne sont rien d’autre que la garantie pour les banques de poursuivre leurs activités de prêt et de spéculation sans le contrôle de personne.

Parmi les cadeaux faits aux entreprises, le gouvernement a décidé que les heures non travaillées seraient récupérables. Pas question, là non plus, d’affecter les bénéfices des patrons ! Il a bien sûr tenté de conserver un visage « social » en faisant annoncer par une ministre d’Unidad-Podemos (par ailleurs membre du Parti communiste) la « limitation des licenciements pour des raisons techniques et de production ».

Cette mesure n’empêche évidemment pas les licenciements. Tout au plus, elle les rend un peu plus chers pour les patrons. Et cette décision intervient après qu’un million de travailleurs ont été licenciés dans les semaines qui précédaient et bien sûr sans effet rétroactif. Le patronat, la droite et l’extrême droite n’ont, bien entendu, pas manqué de dénoncer une mesure « bolivarienne » qui porte atteinte à la liberté d’entreprise, et qui « va créer plus de chômage encore ».

Par ailleurs, le gouvernement tergiverse pour savoir comment faire quand la population ne pourra pas payer les loyers, l’électricité. Il envisage d’étaler les paiements, d’avancer l’argent, mais surtout pas d’annuler quoi que ce soit !

Malgré la pandémie, malgré le nombre de morts, il ne veut en rien léser les propriétaires, tout comme il continue à appliquer la politique des banques et des grandes entreprises, prenant simplement au passage, un petit pourcentage de l’immense richesse accumulée par la bourgeoisie.

Un proverbe espagnol dit « on ne peut pas mettre une bougie à Dieu et une autre au diable ». Alors que des milliers de vies sont en jeu, le gouvernement espagnol a clairement choisi son camp et ses cierges : il les met du côté du grand patronat, des banquiers, des grands propriétaires !

Avec cette crise, il est certain que la classe ouvrière qui exprime déjà son indignation et sa colère aura à demander des comptes, et devra faire entendre sa voix et la volonté d’en finir avec une organisation sociale qui piétine des vies au nom du sacro-saint profit.

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