Discours présidentiel : Macron se paye de mots01/04/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/04/Une_Macron_union_nationale_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

La société en crise

Discours présidentiel : Macron se paye de mots

Le 26 mars, Macron a profité de sa visite à l’hôpital de campagne installé par l’armée à Mulhouse pour prononcer un discours retransmis à la télévision dans lequel il a renouvelé ses imitations de Clémenceau.

Illustration - Macron se paye de mots

Le président a répété que le pays est en guerre, le gouvernement à la tâche jour et nuit, la population mobilisée, etc. Mais les hyperboles guerrières et les remerciements sans fin ne peuvent cacher la situation réelle et le fait que face à l’épidémie l’État n’est pas à la hauteur de la tâche.

Le président a promis un plan sanitaire grandiose… une fois que l’épidémie sera passée. Mais tous les gouvernements ont des années durant supprimé des lits, fermé des hôpitaux, réduit les crédits de la Santé, refusé de recruter, etc. Aucun remerciement aux soignants, surtout venant de ceux qui ont étranglé l’hôpital public, ne pourra faire oublier cela.

Macron a glorifié l’intervention de l’armée qui a laborieusement réussi à installer un hôpital militaire comportant trente lits sous tente. C’est une goutte d’eau dans l’océan, alors qu’on en est à près de dix mille personnes hospitalisées et qu’on renvoie des patients faute de place.

La propagande remplace les mesures réelles. Ainsi l’avion transportant une cargaison de masques a été accueilli par des hommes en armes et une forêt de caméras. Mais comment atteindra-t-on le milliard de masques nécessaires selon le ministre de la Santé ? L’État n’a toujours pas dit pourquoi il n’y avait pas de stocks de masques, ni pourquoi il n’avait pas organisé une fabrication en urgence dès février.

De la même façon, les quelques dizaines de patients transférés en TGV et en hélicoptères occupaient plus de place dans la mise en scène gouvernementale et le discours de Macron que les centaines, voire les milliers, qui risquent de mourir faute de moyens.

Le président, toujours dans sa veine militaire, a remercié ceux qu’il appelle les soldats de première ligne, les soignants, de deuxième ligne, les travailleurs des secteurs dits de première nécessité, et ceux enfin de troisième ligne qui télétravaillent et sont confinés. Il a superbement ignoré, comme tous les généraux, la piétaille des millions d’ouvriers contraints d’aller travailler, sous peine de perdre leur salaire ou leur emploi, les millions de travailleurs au salaire amputé et tous ceux qui n’existent même pas dans les statistiques et qui doivent vendre leur travail au jour le jour, quels que soient les risques.

Les soldats et les ouvriers de 1914 avaient inventé un mot pour le type de discours que Macron et son gouvernement servent quotidiennement : le bourrage de crâne.

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