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Dans le monde
Suremballage, mer de plastique : cloaque capitaliste
Réunis au Kenya, 2 000 délégués venus de 175 pays, représentants des États, des ONG et des fabricants de matière plastique, ont discuté une semaine durant de la pollution engendrée par cette matière quasi indestructible. Ils se sont séparés le 19 novembre sans rien décider.
La production de plastique a doublé en vingt ans, pour atteindre 460 millions de tonnes en 2022. On retrouve du plastique dans les océans, sur les glaciers, dans les champs et les rivières, dans le lait maternel, dans les aliments… Les ONG plaident pour diminuer la production, les industriels prétendent qu’ils vont trouver la solution pour recycler le plastique après usage, alors qu’aujourd’hui cela concerne 9 % tout au plus des volumes, malgré les obligations légales. Les participants se reverront néanmoins l’an prochain et, pourquoi pas, tous les ans, peut-être jusqu’à ce que le monde soit étouffé sous cette décharge.
Le conditionnement des marchandises, en gros et au détail, consomme 40 % du plastique fabriqué dans le monde. La moitié du papier fabriqué dans l’Union européenne sert à l’emballage et produit 30 millions de tonnes de déchets par an. Il y a aujourd’hui, dans un paquet de palets bretons de supérette, davantage de papier, de carton, de plastique et d’encre d’imprimerie que de farine et de sucre, pour ne pas parler de beurre. Le suremballage est inséparable du mode de production et surtout du mode de distribution actuel. La fabrication industrielle, le transport sur longue distance et, surtout, le fait de pouvoir se servir soi-même dans un supermarché impliquent l’emballage individuel des produits. La livraison à domicile en rajoute une ou plusieurs couches. De plus, l’emballage sert de support publicitaire, élément essentiel dans la concurrence entre des capitalistes, prêts à vendre du vent, ou pire, dans un paquet attrayant. Cette publicité génère des milliards et le secteur de l’emballage, en Europe, représente 335 milliards d’euros.
Cela explique que les députés européens réunis le 22 novembre pour statuer sur le suremballage ont, comme leurs collègues de la convention sur le plastique, décidé de ne rien faire.