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Leur société
Emploi des handicapés : nouvelle arnaque en vue
À l’occasion de la 27e semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, le ministre de l’Emploi et la secrétaire d’État au Handicap ont réaffirmé les mesures contenues dans le plan Plein-Emploi, voté le 14 novembre.
Contrairement aux franches et brutales attaques du plan contre les travailleurs, l’enrobage des mesures concernant les personnes handicapées se veut progressiste. Il y a d’abord quelques mesures permettant aux personnes travaillant dans les ESAT (Établissements ou services d’aide par le travail) d’avoir le droit de se syndiquer, de faire grève et de bénéficier de quelques autres droits de base. Mais, quoiqu’ils travaillent bien souvent pour des entreprises privées, directement ou en sous-traitance, quoiqu’ils soient exploités comme tous les prolétaires, ces travailleurs en ESAT n’auront toujours pas le statut de salariés et resteront des citoyens de seconde zone.
L’élargissement de la notion de travailleur handicapé est censé bénéficier à une catégorie de travailleurs non encore reconnus. Peut-être, mais elle bénéficiera surtout aux employeurs, qui rempliront ainsi plus facilement leur quota de 6 % de personnes handicapées dans les entreprises dépassant 20 emplois. Aujourd’hui, ce taux n’atteint que 3,5 % en moyenne, bien des employeurs préférant payer une amende que de trouver des postes adaptés… y compris aux ouvriers qu’ils ont eux-mêmes conduits à l’accident et au handicap. De façon générale, les dispositions gouvernementales en cette matière ne contiennent aucune autre contrainte que ce taux de 6 %, en principe obligatoire.
Enfin, et c’est là qu’est le coup bas, le gouvernement se prononce pour que le plus grand nombre possible de handicapés, voire tous, entrent dans les entreprises, comme tout le monde. Leur recensement et leurs recherches d’emploi seront désormais pilotés par France Travail et non plus seulement par les institutions spécialisées. Quoi de mieux en effet que d’abolir cette distinction, d’ailleurs toute relative, entre ceux qui sont handicapés et les autres ?
Mais ni les entreprises, ni la société, ni le gouvernement, ni l’État ne sont conduits par l’intérêt général, et l’intégration des handicapés dans le droit commun a toutes les chances de conduire à une détérioration de leurs conditions de vie, faute de moyens. Ce ne serait pas la première fois que des mesures prétendument humaines masqueraient un sordide calcul. Ainsi, lorsque l’État a décidé de sortir les malades mentaux des asiles et de fermer ces institutions quasi carcérales faute de moyens suffisants, bien des malades ont été abandonnés, semi-clochards échouant en prison ou mourant au coin d’une rue.
L’État a aussi proposé d’intégrer les enfants handicapés aux classes communes, mesure qui serait d’évidence dans une société humaine. Mais, comme celle-ci ne l’est pas, nombre d’enfants restent sur le bord du chemin faute de personnel pour les aider. L’intégration des handicapés dans le monde commun du travail, sans moyens, sans contrainte vis-à-vis des employeurs, sans contrôle, produira le même genre de situation, si ce n’est de catastrophe. Ils seront laissés à eux-mêmes, sans travail, donc sans ressources et sans milieu, et leur famille continuera à vivre avec la même question : que deviendront-ils quand les parents ne seront plus là ?
Les médias montrent certes des travailleurs handicapés parfaitement intégrés, mais ils sont une toute petite minorité. Pour la majorité, les mesures gouvernementales se réduiront comme toujours à une démagogie sans moyens rendant finalement la vie un peu plus difficile pour les travailleurs et leurs familles.