Loi Darmanin : Français, immigrés, une seule classe ouvrière !29/11/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/11/P16-1_Dans_la_manifestation_du_ier_mai_2022_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Darmanin : Français, immigrés, une seule classe ouvrière !

Le 27 novembre, le projet de loi Asile et immigration, texte infâme encore durci après son passage au Sénat, est arrivé devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, pour une discussion sur les différents amendements proposés, avant d’être examiné par les députés à partir du 11 décembre.

Illustration - Français, immigrés, une seule classe ouvrière !

Sur le fond, ce projet de loi vise à rendre les titres de séjour encore plus difficiles à obtenir, à faciliter les expulsions, et aboutira à précariser les travailleurs nouvellement arrivés en France, en leur rendant inaccessibles pendant des années les protections sociales et même l’accès à une aide médicale minimum. Les sénateurs LR, dans leur course pour avoir l’image la plus réactionnaire, ont ferraillé contre l’article 3 qui aurait, à leur yeux, favorisé une régularisation trop facile de travailleurs sans papiers employés dans des métiers « en tension ». Un prétendu article de compromis numéroté 4 bis est donc apparu, qui ne laisserait pas aux seuls préfets la décision d’accorder ou non des permis de séjour.

Dans l’immédiat, ce sont en effet les travailleurs sans papiers en attente d’une régularisation qui sont visés. « Je suis fatigué », a témoigné il y a peu, dans un reportage de France 3 réalisé à Angers, un jeune cuisinier d’origine ivoirienne. Titulaire de son CAP, employé depuis un an et demi chez un restaurateur qui souhaite sa régularisation, ses bulletins de salaire et ses cotisations sociales n’ont pas suffi à l’administration préfectorale, qui lui a opposé un refus pour « situation instable ». Cette double peine, refus des papiers qui permettraient de mener une vie normale et condamnation à devoir accepter des conditions de travail encore plus précaires, pénibles, et des salaires très bas, est le résultat direct des trente lois sur l’immigration votées depuis quarante ans. Selon l’estimation de la CGT, le durcissement qu’apportera la dernière mouture signifiera, pour les quelque 700 000 travailleurs sans papiers plus de difficultés à se faire payer, à voir ses droits reconnus comme tout travailleur. Trouver un logement, pouvoir circuler sans la crainte continuelle d’un contrôle policier, ou encore être rejoint par sa famille, tout cela sera de plus en plus inaccessible.

Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, prétend voir dans ces débats parlementaires d’opérette « la prise de conscience dans l’ensemble de la classe politique qu’il nous faut agir avec efficacité sur la question migratoire ». C’est l’affirmation scandaleuse, par un des hommes de paille de la bourgeoisie, qu’une des raisons des souffrances subies par la population laborieuse serait la présence en son sein d’une fraction immigrée, ô combien minoritaire d’ailleurs, puisque la France n’est classée que 15e des États de l’UE pour la proportion d’étrangers dans sa population.

Il n’y a pas plus de « question migratoire » qu’il n’y a d’intérêts communs entre les travailleurs de ce pays – d’où qu’ils viennent et depuis combien de temps – et les capitalistes et leurs représentants en politique.

La frontière, la vraie, passe entre les parasites des conseils d’administration, les actionnaires, les hauts fonctionnaires qui facilitent leurs affaires, et les travailleuses et travailleurs avec ou sans papiers, retraités, chômeurs ou actifs. Ceux-là, qui font tout fonctionner, sont les seuls à être indispensables à la société.

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