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- Lutte ouvrière n°2887
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Leur société
Dussopt au tribunal : changer l’eau en euros
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, siège pour quelques jours, jusqu’au 30 novembre… au Palais de justice de Paris, jugé pour favoritisme dans une affaire d’attribution de marché public.
En l’occurrence, il s’agit d’une délégation du service public de l’eau à une compagnie privée. Le ministre est accusé, alors qu’il était le maire d’Annonay en Ardèche, d’avoir transmis les documents permettant de truquer cette attribution à ses amis et protégés, les patrons de la Saur. Celle-ci est l’une des grandes compagnies privées qui trustent en France le traitement de l’eau pour les communes et agglomérations. Ce procès aura longtemps attendu, les faits remontant à 2009-2010, et ce très long sursis lui a permis de passer de maire à ministre.
Ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’un maire ou président d’agglomération se fait épingler pour le même motif. Il faut dire que les bénéfices escomptés par ces compagnies de traitement de l’eau, qui trustent cette activité, en font une poule aux œufs d’or. Le racket ainsi pratiqué aux dépens des usagers, population travailleuse en première ligne, annonce des bénéfices plus que confortables. L’arrangement entre les patrons de ces compagnies et un élu pour qu’il se montre compréhensif est devenu une habitude. L’affaire la plus célèbre, du fait de la condamnation de l’élu pris la main dans le sac pour avoir servi cette fois la Lyonnaise des eaux, avait été celle de Carignon. Ce maire de Grenoble et chef de file régional de la droite avait écopé de quatre ans de prison ferme, condamnation tout à fait inhabituelle pour ce type de délinquant à l’écharpe.
Évidemment, ces élus qui ont servi la soupe à des grands groupes capitalistes en échange de quelques retours doivent l’avoir mauvaise, comme on dit. Car les grandes compagnies corruptrices qui prospèrent sur le service de l’eau ne sont jamais poursuivies ni mises en cause pour leurs trafics. Pour la justice bourgeoise, il est dans l’ordre des choses de ne pas s’attaquer aux chefs de gang. Quant à Dussopt, cette affaire est l’occasion de mesurer l’arrogance et le culot du petit personnel de la bourgeoisie, dont il fait partie. Il se permet de faire la leçon aux travailleurs jetés à la rue en les traitant de « profiteurs », tout en leur promettant la misère comme seul avenir.