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- Lutte ouvrière n°2517
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Dans les entreprises
Toray – St-Maurice-de Beynost : le plan de productivité ne passe pas
Depuis le 13 octobre, une centaine d’ouvriers de l’usine Toray à Saint-Maurice-de-Beynost, dans la banlieue lyonnaise, débrayent tous les jours contre des suppressions de postes et pour une augmentation de salaire.
Début octobre, la direction de l’usine, qui produit du film alimentaire et appartient au groupe japonais de la chimie Toray, annonçait un plan de réorganisation des services avec une hausse de la productivité, l’accélération de certaines lignes et la suppression de 45 postes sur trois ans. Pour augmenter les profits, la direction annonce des licenciements alors qu’elle prétend conquérir de nouveaux marchés en Europe.
Au même moment, un grand ponte japonais était invité à Paris pour recevoir la Légion d’honneur. Pour quel motif héroïque ? Pour avoir créé des emplois dans l’usine de Pau. Décorer ce patron au moment où son groupe annonce des suppressions de postes, il fallait oser !
Ces annonces tombaient au moment des négociations salariales annuelles où la direction proposait à peine la moitié de l’augmentation concédée l’an dernier, et elles ont fait scandale. Si la peur domine encore parmi les travailleurs à la journée, en particulier dans les bureaux, les ouvriers postés en 5x8, qui représentent la moitié des 450 salariés de l’usine, ont décidé de débrayer tous les jours, deux heures en fin de poste.
En mobilisant ses nombreux cadres pour surveiller les machines, en multipliant les pressions sur les techniciens et en s’asseyant sur ses propres procédures de sécurité, la direction a réussi, dans un premier temps, à sortir une partie des bobines de film.
Cela n’a pas découragé les grévistes qui ont voté, lors de l’assemblée du vendredi 21 octobre autour d’un barbecue, de passer à quatre heures de débrayages par poste. Avec l’arrivée des vacances de la Toussaint et la multiplication des casses sur les lignes, nul ne doute que les chefs ne supporteront pas longtemps de revenir à l’usine en pleine nuit. La production commence d’ailleurs à être touchée.
Il faut obliger la direction à remballer son plan, et pour cela le mieux serait d’entraîner les travailleurs en journée dans les débrayages. Certains multiplient donc les discussions avec eux. Une coupure existe, entretenue par la hiérarchie, mais ces travailleurs voient le mouvement avec sympathie, à défaut de le rejoindre.
Quelle que soit l’issue du mouvement, la direction a déjà échoué à semer la peur. À chaque étape de son plan, elle devra faire face à la réaction des ouvriers.