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Budget de la Défense : un coût réel exorbitant
Avec la présentation puis le vote du budget de l’État pour 2017, celui notamment de la Défense, on a évoqué dans les médias le coût des opérations militaires extérieures (dites Opex en abrégé) auxquelles participe l’armée française.
Ces opérations sont nombreuses, des plus récentes comme Chammal en Irak et en Syrie, ou Barkhane au Sahel, à d’autres, plus anciennes toujours en cours : Corymbe, Licorne, EUTM, Tamarin en Afrique, Pamir Héraclès en Afghanistan, voire Trident et Astrée en ex-Yougoslavie. Une liste malheureusement non exhaustive.
Or, bien que ces opérations se multiplient et mobilisent des moyens considérables en Syrie, chaque année l’État annonce imperturbablement le même surcoût Opex d’environ un milliard d’euros.
C’est un tel mensonge que, l’an dernier, la Cour des comptes, pourtant pas réputée antimilitariste, a reproché au gouvernement d’avoir budgétisé à peine un tiers du surcoût Opex attendu.
Minorer le coût annoncé des opérations militaires vise, bien sûr, à berner l’opinion publique. Mais cela sert aussi à détourner les regards du principal : ce que coûtent réellement l’institution militaire et son fonctionnement.
Bien sûr, ce coût est énorme, et d’abord pour les populations en Afrique ou au Moyen-Orient, victimes collatérales, disent les gradés, sinon cibles des opérations de guerre de l’armée française.
Il y a aussi le prix de ces expéditions militaires que doit acquitter la population en France même. Car pour envoyer des blindés dans le Sahel, des commandos des troupes spéciales en Libye, un porte-avions nucléaire et ses Rafale en Syrie, il faut que ces moyens existent au préalable. Il faut donc qu’année après année l’État commande des engins de mort à Dassault, Safran, Thales, etc. Cela suppose une industrie de l’armement, parmi les plus importantes au monde, avec ses propriétaires et ses actionnaires grassement entretenus par les impôts des classes laborieuses, via le budget de l’État. Il faut aussi que cet État recrute, loge, entraîne, paye tout un appareil humain destiné à combattre, des engagés du rang à l’état-major, sans oublier un nombre conséquent de techniciens de maintenance, le budget 2016 de la Défense comptabilisant 271 510 emplois à sa charge.
« Défendre la France », nous dit-on, en fait défendre les intérêts de ses capitalistes à l’étranger, se paye d’un prix exorbitant. Ainsi, en 2014, Hollande, en même temps qu’il invoquait la nécessité de réduire de 50 milliards le déficit du Budget pour sabrer dans les dépenses publiques indispensables à la population, annonçait une hausse de près de quatre milliards pour les dépenses militaires sur la période 2015-2019.
Si l’on s’en tient aux seules données officielles, et l’on sait que ceux qui nous gouvernent s’entendent à dissimuler sous d’autres rubriques une partie des dépenses militaires, on atteint cette année un chiffre de 32 milliards de dépenses pour la Défense. Ou plutôt, pour la guerre que gouvernants et marchands d’armes font aux peuples et aux travailleurs, ailleurs et aussi ici.