Argentine : un procès contre d’anciens militaires01/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2496.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : un procès contre d’anciens militaires

Le 27 mai à Buenos Aires, quinze anciens militaires, dont un ex-dictateur, ont été condamnés à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison, pour leur participation à l’opération Condor sous la dictature.

Le plan Condor était un réseau de collaboration des juntes militaires qui dirigeaient six pays d’Amérique latine : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Paraguay, Uruguay, dans les années 1970 et 1980, dans le but de traquer et d’éliminer les opposants : militants ouvriers, guérilleros, étudiants révolutionnaires. On compte officiellement 105 victimes de l’opération Condor. Mais les victimes de ces juntes militaires furent bien plus nombreuses : par exemple, plus de 30 000 personnes « disparues » en Argentine entre 1976 et 1983.

Ces dictatures étaient soutenues par les États-Unis, et le dispositif Condor était connu et encouragé par le gouvernement américain. Des documents cités lors du procès ont rapporté les propos de Henri Kissinger, alors ministre des Affaires étrangères américain à un membre de la junte militaire argentine : « S’il y a des choses qui doivent être faites, faites-les. Mais vous devez reprendre rapidement les procédures normales. »

L’opération Condor bénéficia aussi de la coopération d’officiers français, comme Aussaresses, qui formèrent les militaires sud-américains aux méthodes de torture expérimentées en Indochine et en Algérie.

En Argentine, les premiers procès contre les militaires, dans les années 1980, se conclurent par des lois d’amnistie. Il a fallu la crise de 2001 pour que le gouvernement Kirchner, en quête de soutien sur sa gauche, annule les lois d’amnistie et relance les procès contre les tortionnaires. Mais dans les autres anciennes dictatures d’Amérique latine, les militaires bénéficient encore aujourd’hui de mesures d’amnistie.

Au cours de ce procès débuté il y a trois ans, huit des accusés sont décédés, dont le dictateur Videla, mort depuis en prison. Les quinze accusés restants sont aujourd’hui âgés de 77 à 92 ans. Même si les tortionnaires n’étaient pas tous présents sur le banc des accusés, de nombreux témoignages ont été faits au cours du procès, soulignant que les familles des victimes ne veulent pas oublier, comme les Mères de la place de Mai, qui n’ont jamais cessé d’exiger des comptes.

Partager