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Burundi : vers un nouveau génocide ?
Dans une note interne révélée par la presse le 15 janvier, l’ONU a avoué ne pas être en mesure d’empêcher un génocide au Burundi.
Depuis qu’en avril 2015 Pierre Nkurunziza, dirigeant de ce petit pays du centre de l’Afrique, a annoncé son intention, malgré ses engagements précédents, de briguer un troisième mandat, la situation n’a cessé de se dégrader. Des manifestations pacifiques avaient alors réuni toute une partie de la population qui ne voulait plus de lui au pouvoir. Le dictateur y avait répondu par une répression sanglante. En mai, une tentative avortée de coup d’État par quelques officiers avait servi de prétexte à une nouvelle vague d’assassinats commis à la fois par la police et des bandes de jeunes voyous à la solde du régime. En décembre, l’attaque de plusieurs cantonnements militaires par des rebelles avait déclenché un nouveau bain de sang. D’après l’ONU, les massacres et les viols collectifs auraient fait alors près de 200 morts.
Aujourd’hui, plus de 200 000 Burundais ont fui le pays et vivent dans des camps au Rwanda, en Tanzanie, en Ouganda ou en République démocratique du Congo.
Pour se maintenir, le pouvoir cherche à transformer le conflit en un affrontement entre Hutu et Tutsi, les deux ethnies qui peuplent le Burundi. Ces divisions sont héritées de l’époque coloniale où la Belgique les avait alimentées, sinon créées, dans le but de conforter sa domination sur cette région de l’Afrique. Ces oppositions ethniques avaient déjà dégénéré en une longue guerre civile entre 1972 et 2005.
Depuis le début de la crise, les dirigeants multiplient les appels aux meurtres de Tutsi. La milice du régime, les Imbonerakure (les « voyants ») désormais lourdement armée, est passée à l’action dans les quartiers populaires, se livrant à des exactions et à des meurtres qui, s’ils visent principalement les Tutsi, n’épargnent pas les Hutu.
Pour le moment, la population ne semble pas se laisser empoisonner par la démagogie ethniste du régime. Mais rien ne dit que ce sera toujours le cas et, surtout, que le pouvoir lui laissera le choix.
Les grandes puissances, qui font aujourd’hui mine de s’inquiéter de la situation, ont pourtant longtemps laissé faire le régime. Le Burundi est un allié de la France, et les troupes burundaises sont intervenues à ses côtés au Mali et en Centrafrique. D’ailleurs, pour le moment, aucune sanction contre le régime n’a été proposée, alors même qu’il refuse toute médiation.
Vingt-deux ans après le génocide au Rwanda, l’ONU annonce donc qu’elle restera, comme à l’époque, spectatrice des massacres à venir. Cela n’a rien d’étonnant car elle n’agit en fait que pour défendre les intérêts des grandes puissances présentes au Conseil de sécurité. Quant à la France, déjà complice du régime massacreur au Rwanda, elle est aujourd’hui une nouvelle fois complice des tueurs.