Affaire Kerviel : la banque savait20/01/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/01/dessinp5010.jpg.420x236_q85_box-0%2C628%2C2470%2C2017_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Kerviel : la banque savait

Jérôme Kerviel, le trader de la Société générale qui a fait perdre en 2008 près de cinq milliards d’euros à sa banque, va peut-être obtenir la révision de son procès. Un nouveau témoignage viendrait confirmer ce dont tout le monde se doutait : la Société générale était au courant.

Illustration - la banque savait

En janvier 2008, le président de la Société générale dévoilait cette perte en accusant Jérôme Kerviel d’avoir créé une « banque dans la banque » grâce à laquelle il spéculait pour son propre compte. Le trader répliquait que sa société était parfaitement au courant, et n’avait émis aucune objection à ces pratiques tant que celles-ci lui avaient fait gagner des centaines de millions. Cela ne lui évita pas une condamnation à cinq ans de prison dont trois ferme et à des dommages et intérêts de 4,9 milliards.

Après ce verdict, la commandante de police chargée de l’enquête qui venait de faire condamner Jérôme Kerviel, persuadée de s’être trompée et de s’être fait manipuler par la Société générale, a décidé de continuer seule ses investigations. Elle vient de rendre public un enregistrement dans lequel une ancienne magistrate du pôle financier lui déclare : « Quand vous en parlez, tous les gens qui sont un peu dans la finance rigolent, sachant très bien que la Société générale savait. La Société générale savait, c’est évident. » Cette commandante de police avait déjà révélé les propos que lui tenait régulièrement son supérieur hiérarchique : « Tu ne vas pas mettre en défaut, en porte-à-faux, la Société générale. »

Une banque ne peut totalement ignorer qu’un de ses traders joue avec 50 milliards. Cela n’a pas empêché l’État de voler au secours des banquiers. Entre 2009 et 2010, deux milliards d’euros de crédits d’impôts ont été accordés à la Société générale pour boucher le trou creusé par ces spéculations. Les actionnaires, eux, ont touché 400 millions d’euros de dividendes cette même année. En réalité la banque n’est victime que de sa propre frénésie de spéculation. Ce serait bien la moindre des choses qu’elle soit obligée de rendre les deux milliards d’argent public si mal acquis.

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