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Leur société
Départements : aide sociale menacée
Depuis 2009, année où le RSA (revenu de solidarité active) est devenu officiellement une compétence des départements - alors qu’il était à la charge de l’État - l’État n’a jamais compensé entièrement cette dépense supplémentaire.
Avec la crise et l’augmentation du nombre d’allocataires, les responsables départementaux tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme, d’autant que cette augmentation s’accompagne d’une baisse des dotations de l’État. En 2014, les départements ont versé 9,8 milliards d’euros, quasiment le double d’il y a dix ans, l’État laissant aux collectivités un reste à charge croissant, de près de 4 milliards d’euros cette année.
Pour autant, tous les départements ne sont pas logés à la même enseigne et ne réagissent pas de la même manière. En juin dernier, le département de l’Essonne, dont la majorité est passée aux Républicains, a décidé d’envoyer un courrier à 6 500 allocataires qui n’avaient pas pris contact récemment avec les services départementaux, pour leur signifier qu’ils les rayeraient des listes s’ils ne se manifestaient pas. C’est une méthode pour le moins expéditive de régler le problème aux dépens des plus démunis.
Stéphane Troussel, président socialiste du département de Seine-Saint-Denis, a déclaré quant à lui : « Depuis 2009, nous avons 45 % d’allocataires en plus, nous avons dépassé le chiffre de 100 000, ce qui se traduit par une enveloppe de 5 millions supplémentaires. Je refuse qu’un centime de plus soit pris dans le porte-monnaie des habitants de Seine-Saint-Denis pour que nous financions ce qui relève de la solidarité nationale. » Il s’est donc refusé à augmenter, pour l’année 2016, la part de son budget consacrée aux allocations. Il dénonce certes la responsabilité du gouvernement, mais sans aller trop loin dans la dénonciation de ministres qui appartiennent… à son parti. Et tout comme le président de droite du département de l’Essonne, il n’hésite pas à agiter la menace de priver une partie des allocataires de leurs versements, envisageant lui aussi de régler la question en privant la fraction la plus pauvre de la population de la moindre ressource.
Alors le gouvernement reprendra-t-il à son compte la compétence du RSA, comme certains l’évoquent ? Ou se contentera-t-il, comme il l’a déjà fait dans le passé, d’accorder une rallonge aux départements ? Quelle que soit la solution adoptée, le gouvernement cherchera à réduire les dépenses et il n’envisage qu’une seule façon de le faire : en réduisant ce qui revient aux travailleurs et aux plus pauvres.