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Dans le monde
Dette : deux poids, deux mesures
Pendant des mois, aux dires de Yannis Varoufakis, ex-ministre grec des Finances, « la Commission européenne (…) ne voulait pas entendre parler de restructuration de la dette » de la Grèce. Ses créanciers exigeaient « une capitulation à grand spectacle », afin de montrer à tous ce qu’il en coûtait de contester, même en paroles, leur droit à étrangler un pays et sa population.
Au même moment, un autre pays européen, l’Ukraine, lui aussi endetté jusqu’au cou, bataillait avec les détenteurs de sa dette pour échapper au défaut de paiement. Avec un endettement représentant une année de production nationale, une économie en ruines, une forte inflation, une guerre dévastatrice qui l’a privée d’une partie de sa base industrielle et de ses revenus, la barque de l’État ukrainien faisait eau de toute part. Et si elle échappait au naufrage, ce n’est que grâce au Fonds monétaire international qui la maintenait à flots avec ses prêts d’urgence.
Insolvable fin août, l’Ukraine a obtenu un effacement partiel (20 %) de sa dette et l’étalement de ses remboursements sur quatre ans de plus. C’est précisément ce que les créanciers et les institutions financières internationales ont refusé à la Grèce, ou plutôt à ses dirigeants.
Car, s’agissant de l’Ukraine, son gouvernement, à la différence de celui de Syriza en Grèce, n’a jamais fait même semblant de contester le droit de la finance internationale à rançonner sans fin sa population.
Et puis, dans le bras de fer les opposant au Kremlin, les dirigeants ukrainiens se veulent du « bon côté » : celui des puissances occidentales face à la Russie. Visant la Russie, le Premier ministre ukrainien a pu se féliciter que « le défaut de paiement tant attendu par nos ennemis n’a pas eu lieu ». Évidemment, les États impérialistes, qui vantent cet « accord historique », ont beaucoup fait pour pousser les créanciers dans ce sens.
Il reste que si l’Ukraine n’est pas la Grèce, sa population n’est pas mieux lotie. Elle aussi paye depuis longtemps dans sa chair les dettes contractées par ses dirigeants et ses nantis. Et elle va même le payer encore plus durement. D’abord par les « réformes » des salaires, des retraites, des services publics qu’exigent de Kiev les créanciers internationaux. Ensuite parce que ces créanciers ont obtenu, en échange de « l’allégement » de la dette, une hausse du taux d’intérêt que l’Ukraine va devoir leur verser.