De Paris à Bruxelles : D'accord... pour faire payer la population15/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2411.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

De Paris à Bruxelles : D'accord... pour faire payer la population

En plus d'être discuté par l'Assemblée nationale, le budget 2015 devait être soumis à la Commission européenne, au plus tard le 15 octobre. Plusieurs sources non officielles ayant évoqué la possibilité que les instances européennes le jugent « non conformes aux objectifs de déficit », cela a permis à Valls de se poser en défenseur de l'indépendance nationale. « Il faut respecter la France, c'est un grand pays. Je n'accepte pas de leçons de bonne gestion », a-t-il déclaré.

Cette polémique a l'avantage, pour Valls et ses ministres, d'accréditer auprès de l'opinion publique l'idée que les 21 milliards de mesures d'économies prévus par le projet de budget sont inévitables et que cela pourrait être pire, si le gouvernement ne résistait pas aux pressions de Bruxelles.

Mais, après avoir déclaré fermement que le budget ne serait pas modifié, le ministre des finances, Michel Sapin, a envisagé lundi 13 octobre qu'il pourrait tout de même y avoir quelques mesures « pour réduire davantage les déficits publics ». En réalité, les négociations ont commencé dans les coulisses entre Paris et Bruxelles. Toute l'histoire de la construction européenne est ponctuée d'épisodes semblables. Pour exister face à leurs concurrents américains et japonais, les bourgeoisies européennes ont été contraintes de s'allier. Mais elles n'en sont pas moins restées rivales. L'Union européenne actuelle est l'aboutissement de ce processus, réalisé au travers d'épreuves de forces quasi permanentes, chaque État cherchant à préserver face aux autres les intérêts de sa bourgeoisie.

Pour se doter d'une monnaie unique, les États européens ont été obligés de définir des règles budgétaires, fixant des limites précises aux déficits publics. Mais ces règles qu'ils s'entendaient pour imposer aux autres, les États les plus puissants, à commencer par l'Allemagne et la France, ne les ont, en fait, quasiment jamais respectées, négociant des dérogations à chaque fois qu'ils en ont eu besoin.

Après la crise de la dette dans la zone euro en 2010-2011, pour « rassurer les marchés financiers » et démontrer leur volonté de faire respecter davantage de rigueur budgétaire, les chefs d'État européens ont édicté une règle supplémentaire, obligeant les États nationaux à faire avaliser leur budget par la Commission européenne. Mais, en fait de rigueur renforcée, cette nouvelle règle occasionne surtout de nouveaux marchandages qui, comme à chaque fois, finiront par déboucher sur un accord.

Car, s'ils défendent des intérêts concurrents, les dirigeants européens sont unis autour d'une même politique et d'une même volonté de faire payer la crise aux travailleurs et aux classes populaires de tout le continent.

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