- Accueil
- Lutte ouvrière n°2411
- Belgique : Des gouvernements de combat contre les travailleurs... dans toutes les langues
Dans le monde
Belgique : Des gouvernements de combat contre les travailleurs... dans toutes les langues
Les coalitions régionales se sont mises en place rapidement, avec côté Flandre la NVA (nationalistes), le VLD (libéraux) et le CD&V (chrétiens-démocrates), et côté Wallonie le PS (socialiste) et le CDH (humaniste). Quant à la Région de Bruxelles, elle est gouvernée par une plus large coalition, mais sans la NVA.
Pour le gouvernement fédéral, les difficiles négociations ont abouti à une coalition à quatre : la NVA (Nouvelle alliance flamande), le CD&V (Parti chrétien-démocrate flamand), le VLD (Parti libéral flamand) et seulement le MR (les libéraux) du côté francophone. C'est le premier gouvernement fédéral sans participation socialiste depuis vingt-six ans.
Après avoir dirigé le gouvernement fédéral entre 2011 et 2014, appliquant une politique d'austérité sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale et en mettant en oeuvre la réforme de l'État souhaitée par le patronat flamand, les deux Partis socialistes, flamand et francophone, se trouvent donc maintenant dans l'opposition fédérale... alors que le PS dirige le gouvernement wallon.
La récente réforme de l'État a transféré de multiples pouvoirs du fédéral vers les régions, sans toutefois transférer les moyens financiers à la hauteur des tâches. Ainsi, les partis du gouvernement flamand avaient tous promis monts et merveilles à la population flamande si la Flandre obtenait plus d'autonomie, mais annoncent maintenant que celle-ci signifie avant tout « économiser, économiser, économiser ». Le budget du gouvernement flamand prévoit des réductions de budgets dans tous les domaines : moins de subventions aux associations, réduction des allocations familiales, augmentation des frais d'inscription dans les écoles supérieures, économies dans les transports, l'enseignement, la télévision...
Quant au gouvernement fédéral, en annonçant d'emblée le relèvement de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans, le nouveau Premier ministre belge, le francophone Charles Michel, a donné le ton : son gouvernement sera un gouvernement de combat contre le monde du travail. Les salaires n'évolueraient plus en fonction de l'ancienneté et, après le gel des salaires pendant quatre ans décidé par le gouvernement précédent, le nouveau envisage un saut d'index, c'est-à-dire de faire l'impasse sur la prochaine augmentation automatique liée à l'évolution des prix. On trouve aussi au menu : du travail obligatoire pour les chômeurs de longue durée, la possibilité de payer les jeunes en dessous du salaire minimum, et il est question d'imposer un service minimum pour les cheminots.
Les ministres de la NVA en charge de l'Intérieur et de l'Immigration affichent ouvertement leur xénophobie et annoncent une politique d'immigration encore plus odieuse qu'à présent.
À cela s'ajoute un ton très antisocialiste et antisyndical qui inquiète les dirigeants syndicaux. Non seulement les politiques décidées en matière de salaires et de pensions laissent très peu de place à la concertation sociale chère à leurs appareils, mais il est envisagé que les allocations de chômage ne soient plus payées par le biais des syndicats comme c'est le cas actuellement, mais par un autre organisme, ce qui amènerait bien des travailleurs à ne plus se syndiquer.
Dans ces conditions, les dirigeants syndicaux, qui ne se sont pas opposés aux mesures antiouvrières du gouvernement précédent sous la direction du PS, ont retrouvé de la voix. Mais cela se limite au ton et non au fond de leur politique. Si les dirigeants syndicaux francophones dénoncent l'austérité imposée par le gouvernement flamand et le gouvernement fédéral « dominé par les partis flamands de droite », on les entend moins concernant le gouvernement PS-CDH en Wallonie. Or celui-ci prétend se limiter à « la rigueur sans perdre de vue les besoins de la population », mais applique exactement les mêmes recettes.
Les travailleurs ont toutes les raisons de se préparer à se défendre. Et il faut se garder de tomber dans le piège que cette politique d'austérité en Wallonie serait imposée par « les Flamands ». Les travailleurs ont besoin de leur propre programme et de leur propre organisation pour défendre leurs intérêts communs, que ce soit au nord ou au sud du pays.