Rebsamen, le ministre du Travail, a ouvert le tir en se disant favorable à des contrôles accrus sur les chômeurs qui ne chercheraient pas de travail. Il avançait le chiffre de 350 000 emplois non pourvus. Ce chiffre est contesté par la direction de Pôle emploi qui, sur un total de 3 millions d'offres d'emplois collectées, n'en recense que 3 % non pourvues, soit environ 90 000. Ces emplois déficitaires concernent essentiellement les secteurs de l'hôtellerie ou le bâtiment, qui proposent des salaires très bas ou des horaires extensibles.

Rebsamen insiste et déclare qu'une étude a prouvé que 20 % des chômeurs ne recherchent plus d'emploi. Il ajoute que c'est « un constat d'échec pour nous, pour Pôle emploi, parce que ça veut dire que des gens, des chômeurs abandonnent », menaçant les chômeurs qui, dit-il, ont « des droits et des devoirs ». Peu lui importe que cette étude ne porte que sur un échantillon de 2 600 chômeurs, constitué, de plus, d'une majorité de personnes ayant mal rempli ou pas rempli du tout un formulaire.

Ne voulant pas être en reste, Valls a tenu à apporter sa pierre à cette attaque en règle. Le système serait selon lui trop généreux. Le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, à peine arrivé au gouvernement, a surenchéri. Mais les faits comme les chiffres sont têtus, comme le confirme la Cour des comptes : « Un nombre croissant de demandeurs d'emploi ne perçoivent aucune indemnisation. La part des chômeurs indemnisés est ainsi passée de 48,5 % en 2009 à 44,8 % en 2011. » Pire même, la France, prétendument généreuse avec ses chômeurs, arrive en neuvième position dans le classement des pays européens établi sur le montant de l'indemnisation par rapport aux richesses produites, derrière l'Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas.

Le gouvernement joue sur l'idée fausse et démagogique que les chômeurs bénéficieraient d'indemnités trop élevées. Mais, là encore, les chiffres le démentent. Ce sont les chômeurs les mieux indemnisés qui retrouvent le plus facilement un emploi... Mais qui veut noyer son chien l'accuse de la rage !