Plate-forme chimique Total – Carling (Moselle) : Gavé de profits, Total supprime plus de 300 emplois11/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2354.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Plate-forme chimique Total – Carling (Moselle) : Gavé de profits, Total supprime plus de 300 emplois

Total vient d'annoncer la fermeture pour 2015 du dernier vapocraqueur existant sur le site de Carling en Moselle. 320 postes de travail – et au moins autant chez les sous-traitants – vont être liquidés chez le plus gros employeur de la plate-forme chimique, héritière de CDF-Chimie, construite avec l'argent public aux temps où Charbonnages de France exploitait le charbon en Lorraine.

Cela fait des années que Total supprime des emplois à Carling après avoir morcelé les activités, en particulier avec la création d'Arkema. La plate-forme employait plus de 2 000 travailleurs il y a une dizaine d'années, elle en emploie moins d'un millier aujourd'hui, dont 550 chez Total.

Avec la fermeture du dernier vapocraqueur du site (un autre a fermé en 2008), c'est le coeur de l'usine qui ferme, là où sont fabriqués les produits pétrochimiques de base utilisés tant par Total qu'Arkema installé à Carling ou encore Ineos à Sarralbe. Tous ces produits devront être importés par camions ou par pipeline... à moins que de nouvelles fermetures ne soient annoncées sous prétexte qu'il y a des difficultés ou des surcoûts d'approvisionnement. Sans parler des risques – potentiels mais bien réels – que fait courir à la population le transport de styrène ou d'éthylène.

L'annonce de Total touche une région, la Moselle-Est déjà fortement marquée par le chômage depuis la fin de l'exploitation charbonnière et la fermeture des mines. Total dit qu'il va investir sur le site 160 millions et y créer 110 emplois dans une nouvelle activité. Mais même s'il tenait ses promesses, ce sont plusieurs centaines d'emplois qui disparaissent avec la fin du vapocraqueur.

Un piquet de grève a été installé par la CGT le 10 septembre et l'intersyndicale appelle à deux jours de mobilisation au niveau du groupe contre une fermeture qui, si elle est décidée par la direction, n'est pas encore acquise.

Total prétend que le vapocraqueur est lourdement déficitaire – 100 millions en 2012. En réalité, c'est la conséquence d'un choix : Total fait tourner à 70 % le vapocraqueur de Carling tandis que ceux de Feyzin (près de Lyon) et Lavera (Bouches-du-Rhône) tournent à plein régime... y compris pour alimenter les ateliers de Carling ! Le déficit est organisé, la stratégie de Total étant la même que celle de Mittal dans la sidérurgie ou Peugeot dans l'automobile : concentrer l'activité sur quelques sites qui produisent à plein régime et supprimer les autres quitte à faire mourir des régions entières.

C'est d'autant plus révoltant que le groupe Total est l'entreprise qui fait le plus de profits du pays : plus de 4 milliards au premier semestre, 12 milliards en 2012 ! Alors que la direction ne vienne pas pleurnicher que le vapocraqueur de Carling est déficitaire.

Les milliards de profits de Total ces dernières années doivent servir à maintenir tous les emplois, fixes, sous-traitants et intérimaires, quitte à ce que Total fasse un peu moins de bénéfices.

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