Continental : Un groupe multimilliardaire qui invente la réintégration... sans salaire !11/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2354.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental : Un groupe multimilliardaire qui invente la réintégration... sans salaire !

Depuis huit mois, les dirigeants de Continental bafouent avec arrogance la loi, refusent d'appliquer les décisions de justice et se comportent comme de vulgaires voyous vis-à-vis de certains de leurs salariés.

Le 14 février 2013, le tribunal administratif d'Amiens a annulé l'autorisation de licenciement donnée par l'administration du Travail pour 22 délégués de l'usine Continental de Clairoix. C'était un événement car le tribunal administratif a examiné une seule question : y avait-il ou non une raison économique à la fermeture de l'usine de Clairoix, ne serait-ce qu'à cause d'une perte de compétitivité, raison si souvent invoquée par les groupes privés pour licencier massivement ? Après une analyse approfondie, il a conclu que la société n'avait jamais perdu de l'argent, ni subi une baisse de compétitivité, même au plus fort de la crise de 2009 ; la fermeture de l'usine de Clairoix n'avait donc aucune légitimité et violait la loi. En conséquence, les licenciements des représentants du personnel, qui avaient été autorisés par l'inspection du travail et le ministre du Travail, étaient annulés par le tribunal.

Continental était donc ensuite tenu de réintégrer les délégués dont le licenciement avait été annulé et qui en faisaient la demande. Xavier Mathieu, porte-parole des travailleurs de Continental lors de la lutte de 2009, en a fait aussitôt la demande.

La direction de Continental a alors multiplié menaces, chantage et coups tordus en tous genres. Elle a d'abord voulu exiger qu'avant d'être réintégrés, les délégués remboursent toutes les indemnités reçues, et perdent tout droit à des indemnités s'ils étaient licenciés ultérieurement ! Puis elle a proposé des reclassements fantaisistes, tout en continuant à menacer ceux qui maintiendraient leur demande de réintégration. Ce qu'a fait de façon réitérée Xavier Mathieu.

Finalement, juste avant les vacances d'été, le directeur central des « relations humaines » a déclaré qu'en fin de compte il réintégrait Xavier Mathieu, mais sans salaire, et qu'en plus, il allait s'adresser à Pôle emploi pour que ce dernier suspende tout versement d'indemnités chômage à Xavier Mathieu puisque, affirmait ce triste personnage, « il avait été réintégré ». Certes Pôle emploi ne s'est pas exécuté devant ces injonctions ahurissantes. Mais il n'empêche que la haute direction de ce géant de l'industrie a donné le feu vert à son représentant local pour qu'il en rajoute dans la provocation. Et si le représentant de Continental se permet cela, c'est que l'administration du Travail, l'État et le gouvernement couvrent ce comportement depuis des mois par leur inertie et leur silence complice. L'État est le premier intéressé puisque c'est sa décision, son autorisation de licenciement, qui a été annulée. En bonne justice il se devait d'en assurer l'exécution. Saisis à différentes reprises, et encore tout dernièrement, jusqu'à ce jour ses représentants restent silencieux, se contentant de dire qu'ils « réfléchissent ».

Pour licencier Continental a violé les lois et tous les accords signés depuis 2009 conjointement avec l'État. 600 salariés restent à Pôle emploi, menacés du pire dans quelques mois ou quelques semaines. Le gouvernement regarde et se tait. Les travailleurs de Continental, qui savent que seules la mobilisation et la lutte peuvent permettre de se faire entendre, n'en resteront pas là.

Partager