Dette des États : L'enchaînement de la crise et des plans d'austérité20/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une-2242.gif.445x577_q85_box-0%2C6%2C164%2C218_crop_detail.png

Dans le monde

Dette des États : L'enchaînement de la crise et des plans d'austérité

La crise de la dette des États ne fait que s'approfondir. Après la Grèce et le Portugal, l'Espagne et l'Italie voient à leur tour exploser les taux auxquels elles doivent emprunter de l'argent pour payer leurs dettes précédentes et faire face à leurs dépenses courantes. D'autres pays sont menacés, jusqu'au plus riche et au plus endetté d'entre eux, les États-Unis.

Il ne s'agit donc plus de la supposée mauvaise gestion de tel ou tel gouvernement, mais du fonctionnement même du système financier international : les États ont emprunté aux banques bien plus qu'ils ne peuvent rembourser dans les circonstances actuelles, trop même parfois, ne serait-ce que pour payer les intérêts de la dette. Et cela même donne aux spéculateurs, aux banques elles-mêmes, l'occasion de nouveaux coups financiers.

Les gouvernements sont impuissants à juguler cette crise et les réunions des dirigeants européens se succèdent sans résultat. Peut-être finiront-ils par trouver quelque compromis boiteux, voire même, comme le demande la chancelière allemande, par demander aux banques de bien vouloir verser un verre d'eau sur l'incendie qu'elles ont allumé. Mais cela ne résoudra rien.

La dette des États s'est creusée depuis près de quarante ans car ceux-ci ont fait marcher la planche à billets pour permettre aux grands groupes capitalistes de maintenir leurs profits dans une économie stagnante. Puis cette dette, ajoutée à celle des entreprises, est devenue elle-même un marché, multiplié à l'infini grâce aux possibilités offertes par la dérégulation financière et les moyens informatiques. Quand le krach financier de septembre 2008 a ouvert une nouvelle crise, l'économie capitaliste n'en est sortie qu'au prix d'une nouvelle augmentation de la dette des États. Celle-ci est devenue si énorme que les banquiers parient désormais... sur le fait que certains ne pourront pas la rembourser.

Les États ont besoin tous les jours d'emprunter sur les marchés. Mais si ce sont bien les présidents qui font les discours, entre autres sur la moralisation de la finance mondiale, c'est cette dernière qui fixe les taux d'intérêt. Or les marchés sont par nature craintifs et ne prêtent que s'ils ont la certitude que principal et intérêt seront payés rubis sur l'ongle. Ils exigent donc des États et de leurs gouvernements des assurances et, en tout premier lieu, l'assurance que les gouvernements seront capables d'imposer à la population des sacrifices suffisants pour trouver de quoi payer la dette. Faute de quoi, les taux d'intérêts sont revus à la hausse, au risque de rendre impossible tout nouvel emprunt et donc de conduire un pays entier à la faillite. Le fait que cela puisse aussi conduire à l'écroulement du système entier n'arrête pas les financiers. Chacun d'eux est en effet persuadé d'être assez malin pour s'enrichir de l'avant-dernière spéculation, la dernière étant celle de trop qui entraînera la panique. De plus le système s'entretient de lui-même, car les capitaux disponibles se dirigent nécessairement vers les secteurs les plus rentables, c'est-à-dire aujourd'hui vers la spéculation.

Les plans d'austérité se succèdent donc, de plus en plus féroces. Les recettes appliquées à la Grèce, puis au Portugal hier, le sont aujourd'hui à l'Espagne et à l'Italie. Elles auront les mêmes résultats : en abaissant le niveau de vie des travailleurs, en détruisant les services publics, ces politiques mettent encore plus l'économie du pays concerné à genoux, le rendant encore moins capable de payer sa dette et rendant nécessaire, aux yeux des banquiers, un nouveau plan d'austérité. Ces derniers n'y perdent rien car, dans le même temps, ils encaissent les intérêts usuraires de leurs prêts et les bénéfices de leurs spéculations. Surcroît de précaution, ils bénéficient, jusqu'à aujourd'hui du moins, de la garantie des États les plus puissants et de celle des organismes internationaux, toujours prêts à faire pression sur les gouvernements dans le sens voulu par les marchés.

Le monde entier semble donc engagé dans une spirale incontrôlable dans laquelle les ressources des populations travailleuses sont siphonnées pour servir de rente au capital, détruisant au passage les richesses accumulées par les générations précédentes.

Mais si les capitalistes ne savent plus rien faire d'autre que les poches des travailleurs, cela veut dire qu'il faut se débarrasser de leur système en les expropriant. Et le plus tôt sera le mieux.

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