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- Lutte ouvrière n°2242
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Dans les entreprises
Montupet - Fonderies du Poitou Alu - Ingrandes (Vienne) : Débrayage à 100 % contre le projet des patrons voyous
La direction de la fonderie Alu d'Ingrandes, près de Châtellerault, qui regroupe 500 salariés, reprise en début d'année 2010 par le groupe français Montupet qui a aussi deux autres usines en France - Châteauroux dans l'Indre et Laigneville dans le département de l'Oise - (sans compter des usines en Europe et sur le continent américain), vient d'annoncer son intention de mettre sur pied un plan de « compétitivité ».
Ce plan dont la mesure essentielle serait de baisser autoritairement les salaires de tout le personnel de 15 % a été accueilli, dès que les salariés en ont eu connaissance, comme une véritable provocation. Les 15 et 16 juillet, des débrayages massifs touchant 100 % du personnel de production ont eu lieu.
Le prétexte donné par la direction se rapporterait à une alerte du commissaire aux comptes sur la trésorerie de l'entreprise. Mais en réalité il s'agit pour la direction du groupe, en s'asseyant sur le peu qui existe dans la loi, de s'attaquer aux salaires et aux emplois des salariés, et sans doute pas seulement à ceux de l'usine de Châtellerault, même si celle-ci avance la « nécessité » d'aligner les salaires sur ceux des deux autres sites français du groupe.
D'ailleurs, la direction a annoncé d'entrée qu'en plus de la baisse de la masse salariale de 15 % elle voudrait « rationaliser » le coût de ce qu'elle appelle « les structures », c'est-à-dire les catégories de techniciens et agents de maîtrise avec des suppressions de postes à la clé. Et enfin, la grille des salaires mise en place en 1991 serait supprimée.
À l'usine, la surprise a été de courte durée car il y a déjà un moment que les patrons étaient à l'offensive. Ils se plaignaient régulièrement du coût de la main-d'ouvre, mais aussi du manque de flexibilité du travail, nous imposant déjà la modulation des horaires pour adapter le travail en fonction de l'activité, quitte à nous faire travailler six jours par semaine en semaine haute !
Les travailleurs de l'usine, toutes catégories confondues, sont bien décidés à mettre en échec ce que voudrait leur imposer la direction du groupe Montupet. Celle-ci peut invoquer la responsabilité des propriétaires précédents, l'Américain Questor et l'Allemand Bavaria et leur manque d'investissements, tout le monde sait que Montupet lui-même n'a pas investi un euro pour moderniser les installations ou même les entretenir.
Certes la direction a essayé de préparer son sale coup en multipliant ces derniers mois les sanctions à répétition - dont plusieurs mises à pied - et en essayant de diviser le personnel, mais tout cela vient de se retourner contre elle.
Les patrons de Montupet ont cru qu'ils pouvaient tout se permettre. Ils ont ainsi voulu « innover » en imposant du jour au lendemain la baisse générale des salaires, ce que la loi interdit encore en France. La direction avait ainsi décidé de convoquer de son propre chef une réunion valant réunion d'information du comité d'entreprise pour appliquer cette baisse dès le 1 er septembre. Ces méthodes de voyous ont provoqué le rassemblement de tous les syndicats jusqu'à celui des cadres, pour s'opposer à ce coup de force. Ceux-ci ont mis en demeure la direction d'annuler sa réunion illégale et ont lancé une pétition pour exiger le retrait immédiat du plan en se préparant à des actions complémentaires dès les jours prochains. Du coup mardi 19 juillet, la direction s'est trouvée obligée à faire un premier recul, n'osant même pas se présenter à sa réunion illégale.
Les travailleurs se sentent d'autant plus en état de légitime défense que la direction du groupe a annoncé le 30 juin, à l'assemblée des actionnaires, une augmentation du chiffre d'affaires de 84 % pour l'année 2010. De plus Montupet, gros fournisseur de culasses d'aluminium pour les constructeurs automobile, a des contrats d'exclusivité avec Renault et Peugeot, et donc des carnets de commandes bien fournis pour les mois à venir.
Les travailleurs de l'usine de Châtellerault ne sont pas décidés à sacrifier leur salaire et leur emploi pour engraisser encore plus les actionnaires. Ils viennent de commencer à le montrer, et ce n'est qu'un début.