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Algérie : Grève à la compagnie aérienne nationale
Une grève a éclaté le 11 juillet à la compagnie aérienne Air Algérie à l'appel du syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC). Elle a été largement suivie, au point de bloquer pendant quatre jours presque tous les vols au départ d'Alger, de Paris ou de Marseille.
Le conflit couvait depuis plusieurs mois. Les sections syndicales des différentes catégories de personnel s'étaient d'ailleurs réunies pour dénoncer la direction d'Air Algérie, ainsi que la centrale syndicale officielle (UGTA) qui, disaient-ils, empiétaient sur le droit des salariés d'élire leurs propres représentants. Les travailleurs pointent aussi du doigt l'insuffisance des rémunérations salariales, le manque criant de personnel et les restructurations en cours dans l'entreprise qui se traduisent par une aggravation de la charge de travail. Ils dénoncent également l'inexistence de salles de repos et de restauration alors qu'ils sont soumis à des heures d'astreinte au sein même des aéroports du pays.
Le 15 juin dernier, le SNPNC avait déjà lancé une grève d'avertissement qui avait bloqué tous les vols au départ d'Alger. La direction d'Air Algérie avait traîné le syndicat devant le tribunal pour grève illégale, obtenant ainsi son annulation, mais la grève avait quand même coûté son poste au PDG de la compagnie. Alors que le SNPNC acceptait de repousser son ultimatum de trois semaines, le nouveau PDG annonçait, pour un proche avenir, une revalorisation des salaires de 20 %, ce qui ne faisait pas le compte pour le personnel navigant, qui réclamait 100 %.
Le 11 juillet, les stewards et les hôtesses ont donc de nouveau voté la grève. En réponse, la direction a annoncé le licenciement de dizaines d'entre eux pour « grève illégale et entrave à l'exercice du droit au travail », les accusant d'avoir refusé d'obtempérer à l'ordre de réquisition de la wilaya d'Alger.
Devant la détermination des grévistes et du fait de la pagaille occasionnée dans les aéroports en cette période estivale, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a dû s'engager à lever toutes les sanctions, y compris les décisions de licenciements. La grève a été provisoirement suspendue et des négociations sont en cours. Le gouvernement algérien et la direction d'Air Algérie jouent visiblement la montre, redoutant l'effet boule de neige sur les autres catégories de personnel s'ils cédaient aux revendications du personnel navigant. Mais de leur côté ces travailleurs ont montré que, comme d'autres en Algérie ces derniers temps, ils sont décidés à obtenir leur dû.