L'hebdomadaire Le Canard Enchaîné a révélé un document interne - et qui était destiné à le rester - des Ressources humaines de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP). Intitulé les enjeux RH des mois à venir, il envisage concrètement les moyens de faire des économies sur le dos du personnel.

Le document commence par se réjouir des économies réalisées grâce à la suppression d'emplois sur toute l'AP. Puis il se fixe l'objectif de continuer dans cette voie en prévoyant de supprimer 3 500 emplois (temps pleins) d'ici 2014 sur les 90 000 actuels. « Cette évolution sera favorisée par un turn-over élevé (en moyenne 11 %) », dit le rapport, autrement dit par le fait que de nombreux collègues partent d'eux-mêmes, vu les conditions de travail désastreuses et qui se dégradent de jour en jour.

Le rapport préconise de réduire de six minutes le temps de transmission entre les équipes. La plupart des personnels soignants travaillent en effet sept heures par jour, plus 36 minutes en doublon après l'arrivée de l'équipe suivante, afin de transmettre les informations. Six minutes rabiotées, multipliées par le nombre de salariés concernés, cela représenterait, à l'échelle de l'AP, une économie de 300 000 journées de travail au total par an ! « Mais, affirme le rapport, le sujet est explosif »...

Il est aussi prévu une diminution de 40 % des dépenses consacrées à la promotion professionnelle, l'augmentation du prix des crèches du personnel, la suppression du système actuel de cotisation pour la sécurité sociale de l'AP qui fait que les salariés y cotisent pour moitié et l'AP pour l'autre. Mais le rapport note que ce dernier sujet est sensible. Cela ferait moins 3 % du salaire dans un contexte de gel des salaires et d'augmentation des cotisations retraites.

Concernant les risques professionnels et les conditions de travail, le document note avec cynisme que la stratégie « devra tenir compte d'une extrême sensibilité de ce sujet, notamment des risques psychosociaux, avec en toile de fond le sujet des suicides » !

Les auteurs qui ont écrit ce plan savent que tout cela risque de mal passer et recommandent une « pédagogie habile et une large concertation qui s'annonce difficile compte tenu de l'accumulation des projets sensibles ».

Comme on le voit, ces gens-là sont tout à fait conscients de mener une guerre contre les travailleurs, et redoutent leurs réactions. Et en effet il faudra que tout le personnel des hôpitaux livre sa propre bataille avec la même détermination pour défendre ses conditions de travail et d'existence et faire échouer ces plans.