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- Lutte ouvrière n°2233
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Inde - Catastrophe de Bhopal : Un jugement très clément
Un jugement de la cour suprême indienne vient rappeler combien les catastrophes industrielles peuvent être meurtrières dans cette société, et pas seulement en cas de recours à l'énergie nucléaire.
C'est en décembre 1984 qu'une explosion survenait dans une usine de pesticides de la ville de Bhopal, dans le centre de l'Inde, appartenant à la multinationale américaine Union Carbide. De nombreuses mesures de sécurité n'ont pas été respectées, aussi bien lors de la construction de l'usine que pendant son exploitation.
Cette explosion provoqua un gigantesque nuage toxique qui, selon les associations de victimes, causa le décès en quelques semaines de 25 000 personnes (3 500 selon les chiffres officiels) mais aussi l'intoxication pendant les années suivantes de plusieurs dizaines de milliers d'autres (atteintes de cancers, de cécité ou de malformations congénitales).
En effet, les dirigeants de l'usine faisaient enterrer les déchets contenant des produits toxiques directement dans le sol sans aucune isolation, et parfois se contentaient de les faire déposer un peu plus loin si bien que les enfants des bidonvilles proches ont longtemps joué au milieu de ces déchets et que les nappes phréatiques ont été contaminées. Aujourd'hui encore, le site n'a toujours pas été dépollué et les associations estiment que chaque mois trente personnes continuent à en mourir.
Du fait des nombreuses démarches d'Union Carbide et des autorités américaines pour retarder les différentes étapes du procès, c'est seulement l'an dernier que la justice indienne a condamné à 100 000 roupies d'amende (2 100 dollars) et à deux ans de prison pour négligence sept dirigeants de l'usine de Bhopal, aussitôt libérés sous caution. Cette preuve de clémence de la part de la justice avait provoqué une forte colère des familles des victimes et des malades qui, pour percevoir la maigre indemnité prévue par le gouvernement indien, ont dû d'abord fournir la preuve que leur maladie était réellement causée par l'explosion.
Les familles ayant décidé de faire appel de ce jugement, le gouvernement indien lui-même s'était senti obligé d'appuyer une requête auprès de la cour suprême visant à ce que les dirigeants soient condamnés pour homicide involontaire, un chef d'accusation passible cette fois de dix ans d'emprisonnement. La cour suprême, le 11 mai, vient de rejeter cette requête.
Quant aux dirigeants du groupe Union Carbide et à ses actionnaires, ils ne sont l'objet d'aucune poursuite de la part de la justice, ni indienne ni américaine.