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- Lutte ouvrière n°2233
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Leur société
La « croissance » repartie ? Les fables du gouvernement
Avant même que l'Insee ne publie ses chiffres, Fillon et Lagarde ont tenu a révéler, jeudi 12 mai, que la croissance était revenue en France ! Au premier trimestre 2011, le produit intérieur brut aurait augmenté de 1 %, la consommation des ménages de 0,6 %, 58 800 emplois auraient été créés, la production industrielle serait en hausse de 1,6 %, les entreprises réinvestissent.
À les en croire, donc, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes capitalistes, ou tout va bientôt aller mieux. « Tous les clignotants sont au vert », « les moteurs de la croissance sont, pour certains d'entre eux, à leur meilleur niveau depuis trente ans », dit la ministre de l'Économie, qui voit dans la « croissance » le talisman capable de résoudre tous les maux de l'économie.
Il n'y a cependant pas de quoi se féliciter. Qu'après trois ans de crise, supportée exclusivement par les travailleurs, il y ait un léger rebond de quelques mois n'augure en rien de l'avenir. L'augmentation de la production est principalement due au renouvellement des stocks des entreprises, nécessaire après trois ans de stagnation. Par ailleurs, la majorité des investissements faits par les entreprises consistent à en racheter d'autres, non à développer des productions nouvelles.
La consommation des ménages aurait augmenté ? Mais quelle part est à attribuer à la prime à la casse, pour des voitures achetées fin 2010 et payées au premier trimestre 2011, et donc à cette hausse très éphémère ? Quelle part correspond à la hausse du prix de la vie, qui fait que l'on dépense plus d'argent sans avoir plus de biens ? Quant aux emplois créés en trois mois, combien ont été supprimés dans le même temps ? Lagarde est moins prolixe sur ce point.
Mais surtout, même si quelques signes de reprise apparaissaient vraiment, rien ne garantit que cela profitera aux travailleurs, contrairement à ce que voudraient nous faire croire Lagarde et compagnie. Malgré la crise, la plupart des grandes entreprises ont continué à afficher des bilans insolents, sans que les travailleurs en tirent le moindre profit, bien au contraire puisque c'est le licenciement de salariés, allié à la surexploitation de ceux qui ont gardé leur emploi, qui a permis de maintenir, voire d'accroître, les profits.
La seule croissance qui offrira un avenir aux travailleurs et aux chômeurs sera celle de leurs luttes.