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Leur société
Fourmies (Nord) : Une catastrophe sociale programmée
Devant les difficultés croissantes que rencontre la population de Fourmies, commune de 13 500 habitants du département du Nord, les services de l'État n'ont pas baissé les bras : depuis quelques mois ils ont fourni à la ville... une avalanche d'enquêtes, de chiffres et de statistiques en tout genre.
On a ainsi appris que le taux de chômage était de près de 20 %. Du moins avant la fermeture de l'usine Soud'helpe, qui a laissé 23 travailleurs supplémentaires, dont la plupart handicapés, sur le carreau. Le revenu mensuel médian serait de 957 euros, ce qui signifie que la moitié de la population vit avec moins que cela. Quel que soit le domaine envisagé, état sanitaire, scolarité, logement..., Fourmies est l'une des villes, si ce n'est la ville la plus touchée, dans la région la plus atteinte par la dégradation sociale.
Dans l'espoir d'obtenir quelques crédits, la ville a accepté de participer à un « diagnostic local de sécurité ». Le résultat, prévisible, indique d'après les constats de police « des coups et blessures en augmentation constante depuis 2004 et une certaine violence ambiante dans la population » et décrit ce que tout le monde constate quant à l'alcoolisme, aux dégradations, etc.
Fort de ces statistiques, l'État a pris des mesures. Après avoir supprimé diverses antennes de services publics, dont en dernier lieu le tribunal de prud'hommes, il a fermé le commissariat en avril. Puis il annonce que plusieurs postes d'enseignants (plus de cent quarante heures de cours) seront supprimés au lycée. Enfin trois classes d'écoles primaires seront fermées à Fourmies et deux dans les villages avoisinants. La situation dans l'éducation a suscité des protestations et une pétition a circulé pour refuser toute suppression de poste ou fermeture de classe. Mais, pour l'instant, elles sont bel et bien programmées.
En contrepartie, après avoir monté tout un dossier et justifié de l'urgence de la situation, la ville a obtenu de l'État une subvention exceptionnelle pour embaucher, à titre précaire, deux « adultes relais » pour faire de la prévention dans les quartiers sensibles, soit 41 328 euros par an.
Les familles ouvrières de Fourmies ont donc le sentiment, justifié, que l'État, loin d'être un secours, les enfonce un peu plus et que rien n'empêchera la chute dans la misère et la violence quotidienne.
La pauvreté et le chômage ne sont pourtant pas une nouveauté dans cette région frappée par la crise du textile depuis des dizaines d'années. La ville, qui a compté jusqu'à cinquante filatures, n'en a plus une seule et bien peu d'entreprises sont venues les remplacer. Les filatures employaient des ouvriers peu qualifiés, mal payés et mal traités. Maintenant, à la politique de licenciements et de fermetures du patronat s'ajoute le désinvestissement croissant de l'État. Pendant toute une période, la pauvreté matérielle ne se transformait pas obligatoirement en misère sociale. Aujourd'hui si.