L'effondrement de l'économie russe04/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2114.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L'effondrement de l'économie russe

Au moment même où, à Davos, Poutine vantait le « libéralisme » censé permettre à la Russie de se développer, le rouble chutait. Une nouvelle fois. Car, depuis le mois d'octobre, où les autorités russes juraient encore qu'elles ne dévalueraient pas leur monnaie, celle-ci en est à une dizaine de dévaluations de fait.

Sa valeur a fondu presque aussi vite que la valeur des rentrées en devises que l'État russe, et les privilégiés qui lui sont associés, retirent de leurs exportations : des exportations où le pétrole, le gaz et les autres matières premières, dont les cours mondiaux se sont effondrés, représentent 80 %.

Parallèlement, mais ce n'est en rien une consolation pour les travailleurs qui en sont victimes, la fortune des nouveaux riches et autres « Nouveaux Russes », de ces affairistes liés au pouvoir dont les plus riches étaient nommés « oligarques », a également à ce point fondu qu'un journal britannique a récemment parlé de la « splendeur perdue des "minigarques" ». Un certain nombre de ces milliardaires préfèrent en effet séjourner à Londres (ou à New York, ou à Paris, etc.) plutôt qu'en Russie, dans les grandes villes des États impérialistes, là où ils ont placé une grande partie de ce qu'ils ont volé, et volent encore en Russie.

Bien révélatrice de cet état de choses est la remarque, citée par Le Monde, d'un ancien vice-président de la Cour des comptes russe : durant la dizaine d'années de flambée des cours des matières premières, et disait-on d'enrichissement de la Russie, « nous n'avons même pas été capables de construire une seule usine de papier ». Au point que, dans ce pays qui a les plus grandes forêts du monde, on importe désormais le papier, sinon la matière première que l'on a sous la main, la pâte à papier !

« L'effondrement est devenu évidence - la production chute et elle n'a plus rien à quoi s'accrocher » titrait, le 16 décembre dernier, le principal quotidien d'affaires russe, Kommersant. Depuis, chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles : le rouble continue à chuter, des entreprises ne tournent plus qu'au ralenti, d'autres licencient, la fuite des capitaux - « stoppée » par la première dévaluation, clamait le gouvernement - continue de plus belle (290 milliards de dollars depuis l'été). Et plus du tiers des réserves en devises et en or de la Banque centrale, 215 milliards de dollars, a été englouti depuis septembre dans le soutien au rouble.

« La situation est sous contrôle » vient d'affirmer le vice-premier ministre russe Chouvalov. Une mauvaise plaisanterie ! À moins que ce ne soit une forme de franchise. Car pour ce qui est des centaines de milliards « évaporés » en quelques mois, une chose est certaine : ils ne sont allés ni à la population ni même au « soutien de l'économie », mais dans les poches des bureaucrates et affairistes de tout poil. Coule le navire, son pillage reste sous leur contrôle !

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