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Catastrophe ferroviaire de Zoufftgen (Moselle) : Lourdes condamnations pour les lampistes
Quatre cheminots luxembourgeois ont été condamnés, le 29 janvier dernier, à des peines de prison - deux avec sursis et deux à de la prison ferme, 24 et 46 mois. De lourdes peines pour une faute non intentionnelle. Ils ont été jugés responsables de la catastrophe ferroviaire de Zoufftgen, en octobre 2006, qui avait provoqué la mort de six personnes - dont les conducteurs des deux trains qui sont entrés en collision frontale - et en avaient blessé seize autres.
Ce mercredi 11 octobre 2006, vers 11 h 40, un TER reliant Luxembourg à Nancy redémarrait après un arrêt en gare de Bettembourg (au Luxembourg) bien que la signalisation soit au rouge : le conducteur avait reçu du poste d'aiguillage l'autorisation de franchir le feu rouge alors qu'un train de fret SNCF était déjà engagé sur la voie rendue unique du fait des travaux de renouvellement du ballast sur la ligne. Un ordre donné par erreur, sans respecter toute la procédure prévue, sans se rendre compte aussi que le train de marchandises déjà engagé était en retard. Mais les employés du poste de triage se sont tout de suite rendus compte de leur erreur qu'ils ont tenté de réparer, sans pouvoir y parvenir.
Prévenir les conducteurs des deux trains qu'ils étaient face à face ? Il n'y avait pas moyen. Le chef de poste de Bettembourg a bien déclenché une alerte par radio sol train (RST) mais elle n'a pas été reçue par le conducteur du train de voyageurs - là aussi du fait d'une zone blanche liée aux frontières.
Couper l'alimentation électrique pour stopper les trains ? Impossible en raison des alimentations électriques différentes des deux pays, d'ailleurs le convoi luxembourgeois était déjà passé sous alimentation française, et donc hors de sa portée.
La direction des Chemins de Fer Luxembourgeois (CFL) n'a pas été mise en cause par la justice luxembourgeoise qui n'avait inculpé dans cette affaire que six cheminots. Pourtant, lors de la catastrophe, les syndicats de cheminots avaient protesté contre les risques calculés que les sociétés de chemins de fer (CFL et SNCF) faisaient prendre aux cheminots comme aux usagers. Ils avaient dénoncé la saturation du réseau et les problèmes de sécurité que pose la persistance des frontières sur les lignes de chemin de fer avec des systèmes de sécurité différents et pas forcément compatibles. La CGT demandait en particulier que les travaux ne soient pas fait de jour sur cette ligne où la circulation des trains est très dense.
Le tribunal a condamné des lampistes. Pas les États européens qui n'ont eu aucune difficulté pour interconnecter le marché des capitaux, mais en ont bien plus pour connecter les réseaux de chemin de fer. Le procès de ceux qui décident de donner des centaines de milliards aux banquiers plutôt que pour faire fonctionner les services publics n'était pas du tout à l'ordre du jour du tribunal correctionnel du Luxembourg.