Plus de quinze jours après la visite de Sarkozy à Saint-Lô le 12 janvier, le préfet de la Manche et le directeur départemental de la Sécurité publique ont été limogés. Sarkozy, qui venait exprimer ses voeux au monde enseignant, n'a pas digéré les manifestations de plusieurs centaines de travailleurs de l'Éducation nationale et de lycéens. Des chaussures et autres projectiles avaient volé en direction du cortège présidentiel. Selon Ouest-France, seulement une vingtaine de fans de Sarkozy avaient pu passer les cordons de CRS pour approcher le président et il avait été privé d'un bain de foule... Enfin, bien que la salle fût protégée par 500 CRS, la rumeur de la manifestation avait passé les murs et accompagné l'allocution présidentielle.

Au fond, en limogeant deux responsables du maintien de l'ordre, Sarkozy a donné, ou plutôt redonné, aux manifestants la publicité qu'ils méritaient. Car il est normal que, contre la politique du gouvernement, chaque visite d'un ministre ou de Sarkozy lui-même soit l'occasion de manifestations de salariés de la fonction publique ou de travailleurs du privé. Lors de leurs déplacements dans une ville, les ministres et Sarkozy justifient devant la population les suppressions d'emplois dans la fonction publique, ou les cadeaux faits au patronat. Et en plus ils voudraient qu'on les applaudisse sagement !

Alors, si Sarkozy ne supporte pas d'être sifflé ou hué, les préfets n'auront plus qu'à préparer leur valise la veille de sa venue, car sa popularité et celle de son gouvernement ne vont pas remonter de sitôt. Mais après tout Sarkozy veut peut-être organiser un jeu de chaises musicales avec ses préfets... à moins que la sanction contre le préfet de la Manche ait surtout pour objectif d'encourager la police à avoir la matraque plus leste.