Récemment, un membre du département économie et politique sociale de l'Académie des Sciences de Russie a publié, dans un journal proche du Kremlin, un article intitulé « Novotcherkask-2009 ».

Novotcherkask est une ville du sud du pays où, en 1962 sous Khrouchtchev, une insurrection ouvrière avait répondu à de fortes hausses de prix. L'article la décrivait aujourd'hui comme une des « 700 cités russes où domine une entreprise industrielle majeure », en envisageant « les problèmes sociaux qui pourraient en résulter si la crise économique devait s'aggraver ».

Dès la parution de l'article, les services de Poutine informèrent l'auteur de ce que « le gouvernement se servirait de son étude pour son plan de gestion anticrise ». Mais quinze jours plus tard, le ton changeait. L'Inspection fédérale des médias, une super-censure qui a le pouvoir de faire fermer un journal ou une chaîne de télévision, notifia à la rédaction que l'article publié « pouvait être considéré comme une incitation à des actes extrémistes ». Une « incitation » qui se paie habituellement d'emprisonnement.

L'affaire a fait du bruit, car l'académicien a fait connaître sa mésaventure. Reste que cet incident est révélateur de la nervosité des autorités face même à l'évocation de « désordres » sociaux massifs.