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Leur société
Loi sur la mobilité des fonctionnaires : Une attaque contre tous les travailleurs
Les travailleurs de la Fonction publique étaient appelés à faire grève et à manifester mardi 10 juin contre les suppressions de postes et le projet de mobilité des fonctionnaires. Les trois fonctions publiques (d'État, territoriale et hospitalière) sont de très gros employeurs puisqu'elles comptent plus de cinq millions d'agents. Périodiquement, le gouvernement entame une campagne anti-fonctionnaires, dénonçant le poids de la Fonction publique sur le budget de l'État et stigmatisant ce qu'ils appelle « l'immobilisme » des fonctionnaires.
La « mobilité » dont il parle n'est qu'un leurre : les enseignants en savent quelque chose, puisque Fillon la leur avait fait miroiter en 2003 et que ses services n'ont réussi à proposer aux 300 000 enseignants potentiellement concernés que moins de 50 postes ! En réalité, le projet gouvernemental, déjà examiné favorablement par le Sénat, a ouvertement pour but de supprimer les dernières entraves aux licenciements dans la Fonction publique : sous prétexte de « mobilité », les fonctionnaires seront « encouragés » à muter vers d'autres fonctions publiques que celle qui les emploie, ou vers le privé, ou... vers la porte.
Les décrets parus au mois d'avril sont clairs : on y trouve quelques mesures « d'aide », comme l'octroi de deux ans de salaire au fonctionnaire qui démissionne pour créer sa propre entreprise, gadget bien connu des cadres du privé et qui se termine généralement par un dépôt de bilan et l'inscription à l'ANPE.
Après cette « carotte », le bâton arrive bien vite, sous la forme du chapitre « réorientation professionnelle » : en cas de restructuration, le travailleur dont le poste est supprimé aura droit à un « projet personnalisé d'évolution professionnelle », à la suite duquel on lui proposera au maximum trois postes ; s'il les refuse, il sera mis en disponibilité d'office, donc sans salaire. Par ailleurs, le projet de loi présente comme une offre valable le fait de cumuler plusieurs emplois à temps partiel dans des administrations différentes.
Enfin, pour s'assurer que la « sécurité de l'emploi » ne sera plus une gêne pour lui, le gouvernement a prévu de recourir massivement aux contrats à durée déterminée et à l'intérim.
Ce n'est pas nouveau, puisque 15 à 20 % des agents de la Fonction publique ont déjà un statut précaire et qu'en 2006 la fonction publique hospitalière a eu recours à 142 000 journées travaillées en intérim. Comme il n'est pas nouveau de voir le gouvernement prôner la « rentabilité » des services publics.
Ce projet officialise et systématise une aggravation des conditions de travail et de la précarité dans la Fonction publique. C'est grave pour les travailleurs de ce secteur, mais cela l'est pour tous les travailleurs. Dans bien des régions, le seul pourvoyeur d'emplois pour les jeunes est souvent l'administration ou l'hôpital local. Mais de plus, la prétendue « rentabilité » dans les services publics signifie que l'on sera plus mal transporté, plus mal soigné. Cela signifie aussi des attentes interminables dans toutes les administrations, moins de moyens pour la culture et l'éducation, ce dont les enfants de familles populaires ont le plus besoin.
Ce sont autant de raisons pour lesquelles les travailleurs du public et du privé devront se battre tous ensemble contre la politique d'un gouvernement qui a décidé d'utiliser l'argent public à subventionner le patronat, au détriment de ce qui serait nécessaire pour permettre à la population de vivre décemment.