De violentes émeutes ont éclaté début juin à Sidi Ifni, port de pêche situé à 700 km au sud de Rabat. Les affrontements qui ont opposé les forces de l'ordre à des centaines de jeunes, bloquant toutes les issues menant au port, auraient fait 8 morts, 44 blessés, et il y aurait des dizaines d'arrestations. Le Centre marocain des droits humains fait même état de 140 à 160 personnes toujours incarcérées. Les représentants de la police affirment qu'il n'y a eu ni mort ni bavure, mais de nombreux témoignages font état d'une brutalité sans bornes de la part des policiers, qui ont tiré des balles de caoutchouc et poursuivi les manifestants jusque dans les maisons et sur les terrasses.

Tout a commencé le 30 mai dernier, jour où un tirage au sort était organisé pour pourvoir à quelques emplois vacants dans les services de nettoyage de la ville. Déçus de ne pas avoir été choisis, des centaines de chômeurs, dont beaucoup de jeunes, ont alors décidé de bloquer le port, ce qui aurait motivé l'intervention de la police.

Mi-mai, c'est à Marrakech, également dans le sud du pays, que des affrontements avaient violemment opposé les forces de l'ordre aux étudiants de l'université. Ces derniers revendiquaient l'augmentation de leur bourse ainsi qu'une plus grande liberté d'expression.

En fait, depuis plusieurs mois, le Maroc connaît une situation de plus en plus tendue du fait de l'augmentation des prix et du chômage, qui fait des ravages plus particulièrement chez les jeunes. Par ailleurs la population, à qui le nouveau roi Mohamed VI avait promis d'investir dans de nombreux projets et de créer des emplois, commence à se lasser de l'immobilisme des autorités.

Le gouvernement a choisi de ne répondre à la révolte que par la répression. Mais il n'est pas sûr que cela suffise à l'endiguer.