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- Lutte ouvrière n°1831
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Dans les entreprises
La Poste : Plan de suppressions d’emplois et fermetures de bureaux... la détérioration planifiée du service public
6000 à 8000 bureaux de poste ruraux en moins, près de 40000 emplois supprimés, telles sont les conséquences dénoncées par la CGT du «contrat de plan» qui va être conclu entre La Poste et l'État pour la période 2004 à 2007. Cela fait bien des années que la politique de La Poste, et les réorganisations qui en découlent, sont dictées par l'unique objectif de faire des profits. Dans ce cadre, la présence de bureaux sur tout le territoire constitue pour les dirigeants de La Poste un fardeau dont ils entendent s'affranchir au plus vite.
Bien que la direction ne le reconnaisse pas franchement, des milliers de bureaux de poste sont donc menacés de fermeture: il s'agit des bureaux les plus petits et les plus isolés, notamment dans les zones rurales. La Poste a d'ailleurs déjà bien engagé cette politique. Ces dernières années des bureaux ont été regroupés, des horaires d'ouvertures réduits, des négociations engagées avec les maires en leur faisant le chantage à la fermeture du bureau... Ces bureaux sont pourtant indispensables, justement dans ces endroits où les gens, en particulier de nombreuses personnes âgées, ont peu de moyens de se rendre en ville. Pour remplacer le service supprimé, La Poste envisage de faire accomplir un nombre limité d'opérations par des commerçants: l'affranchissement et la vente des timbres, le retrait des recommandés, ou les retraits sur les comptes épargne jusqu'à 150 euros uniquement, et seulement pour les habitants du village. Pour le reste, il faudra se déplacer... Car ce qui l'intéresse, c'est le développement des «services financiers» auprès d'une clientèle plus fortunée, pour laquelle elle développe toute une stratégie commerciale qui vise à concurrencer les banques. La fermeture des bureaux de proximité s'inscrit dans cette logique. Outre la disparition d'un service pourtant utile, elle entraînera la suppression des emplois de postiers qui y étaient attachés.
Et ce ne sont pas les seuls emplois menacés à La Poste. Un autre volet des restructurations, dont la mise en oeuvre a déjà commencé, comporte la fermeture d'au moins la moitié des 120 centres de tri existant encore en France. Le prétexte invoqué est la modernisation du travail, avec le développement de machines plus perfectionnées pour trier le courrier et la construction de centres de tri plus grands. Mais l'automatisation du tri, si elle a d'ores et déjà permis à La Poste de supprimer un certain nombre d'emplois, ne se traduit pas par une moindre charge de travail pour les postiers qui effectuent le tri, ni pour les facteurs qui distribuent le courrier. Au contraire, elle entraîne une augmentation de la quantité de courrier à trier et un travail répétitif pour les premiers, et un allongement des tournées, avec des sacoches plus lourdes, pour les seconds. Dans le cas de La Poste, le progrès technique ne sert qu'à accroître la rentabilité du travail. Pour pouvoir parler d'un véritable «progrès» pour les postiers, il faudrait embaucher, mais La Poste fait tout le contraire. Dans les années à venir, d'après la CGT, 40000 emplois au total seraient menacés.
Actuellement, il y a 320000 postiers, mais il faut savoir que parmi eux, le nombre des fonctionnaires n'a cessé de diminuer: on compte en effet 90000 agents contractuels, moins bien payés et n'ayant pas les mêmes garanties statutaires que leurs collègues fonctionnaires. Une proportion qui va encore augmenter avec le départ en retraite d'au moins 90000 fonctionnaires.
Pour les années qui viennent, La Poste et l'État planifient donc une nouvelle fois la dégradation d'un service utile à la population et l'aggravation des conditions de travail du personnel.