Récemment, le directeur régional de La Poste est venu à La Réole vanter, auprès des notables, les mérites de La Poste «compétitive», «rentabilisée». Mais ceux qui travaillent à la poste de La Réole peuvent, eux, parler concrètement des conséquences de cette politique sur leurs conditions de travail et sur les services rendus aux usagers.

Nous sommes environ vingt-cinq à travailler aux guichets, au tri ou comme facteurs. Pas question de discuter entre nous. Pression est faite pour que les facteurs n'aillent pas voir ceux du guichet et réciproquement. Maintenant que le guichet est devenu le «service financier», tout doit être cloisonné entre nous... En attendant la privatisation service par service?

Des économies? La Poste en fait, sur notre dos. Sur 17 tournées que nous effectuons sur le secteur, quatre sont faites par des camarades en CDI non titularisés, certains depuis près de deux ans. En outre, quatre ou cinq collègues sont embauchés aussi en CDI pour préparer et distribuer les publicités sur le secteur. Avant la mise en place des 35 heures, la distribution des publicités était facultative et payée en supplément. Maintenant nous devons les distribuer et sans majoration. Enfin, histoire de nous pousser à faire toujours plus vite, nous avons la visite d'un vérificateur qui nous suit durant nos tournées, chronomètre en main.

Tout cela se fait au détriment des services rendus aux usagers. Dans les zones rurales, le facteur constituait un contact humain, pour les personnes âgées et isolées; il discutait et rendait des services. Maintenant, pour la direction de La Poste, ce n'est là qu'une perte de temps. Ce qui compte, ce ne sont pas les usagers, mais être compétitif et rentable!

Au nom de cette politique, on ne compte plus les fermetures ou des regroupements de bureaux de poste dans les villages des environs, les réductions des horaires d'ouverture, les demandes faites à une épicerie par exemple de se transformer en point-poste. À La Réole, il ne reste plus que deux guichets, et malgré cela une de nos collègues est détachée pour aller assurer la permanence dans un autre bureau. Et la direction n'hésite pas à faire du chantage: elle a menacé une municipalité de fermer le bureau de poste sauf si celle-ci aménageait de nouveaux locaux avec un service financier.