EDF vient d’annoncer son résultat financier pour l’année 2022, avec une perte de près de 18 milliards d’euros. Le groupe TotalEnergies annonce pour la même période 20,5 milliards de dollars de profits. Ce n’est pas tout à fait sans rapport, même si d’autres raisons expliquent le déficit d’EDF.

Total, devenu Total­Energies en 2021, est un trust principalement pétrolier et gazier, mais qui possède aussi deux centrales à gaz et des participations dans l’énergie renouvelable. Et, comme bien d’autres fournisseurs, dont la plupart ne produisent strictement rien, Total achète à bas prix de l’électricité à EDF, qu’il peut revendre un peu plus cher aux clients.

EDF, par contre, a l’obligation de vendre le quart de sa production nucléaire, et même davantage maintenant, à bas prix à ses concurrents (dont Total­Energies), qui la revendent ensuite au prix du marché. Cette obligation s’exerce au nom d’une prétendue libre concurrence. Les capitalistes piétinent leurs propres règles quand cela les arrange.

En tout cas, ce sont les clients d’EDF, c’est-à-dire presque tout le monde, qui contribuent un peu plus aux bénéfices de Total. En plus bien entendu de ce qu’ils payent en carburant et en gaz.

Si les tuyauteries de certaines centrales nucléaires posent de gros problèmes à EDF, en retardant leur remise en service, en revanche les tuyaux qui transvasent l’argent public aux capitalistes privés fonctionnent très bien.