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Leur société
Les responsables de la vie chère
L’inflation en France est officiellement de l’ordre de 6 % sur un an mais, sur les produits courants, alimentaires, elle est de 14 %.
Olivier de Schutter, rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation, a dénoncé récemment « la véritable cause de la hausse des prix ».
Pour ce porte-parole de l’ONU, la hausse « ne vient pas du fait qu’il n’y a pas assez de denrées alimentaires disponibles. La véritable raison, c’est la panique qui s’empare des marchés parce que l’on ne sait pas quand ce conflit en Ukraine va s’arrêter. Et certains acteurs financiers tirent profit de cette incertitude en spéculant à la hausse. »
Chaque hausse de prix provoque des famines ou de la malnutrition dans une partie du monde et une perte de pouvoir d’achat importante dans d’autres. Or ces hausses sont essentiellement le fruit de ceux qui manipulent les marchés. De nombreux acteurs y participent. La crise de l’énergie est en partie provoquée par les trusts de l’énergie eux-mêmes, en vue de financer leurs investissements. L’industrie agroalimentaire augmente ses prix au-delà de la hausse de ses coûts. Les quatre grands négociants de matières premières qui contrôlent l’essentiel des stocks mondiaux de céréales se servent du climat haussier pour amplifier la prétendue pénurie.
Mais, en amont, il y a aussi le jeu des fonds d’investissement, des banques et de tous les établissements financiers, qui spéculent sur les matières premières. Le rapporteur de l’ONU accuse en particulier quatre grandes banques américaines : « Les grands gagnants sont des acteurs comme Goldman Sachs, Morgan Stanley, Bank of America, JP Morgan et la City qui ont tous vu leurs profits exploser en 2022, notamment grâce à ces investissements faits de façon spéculative sur les produits financiers dérivés des matières premières agricoles. » L’ensemble du secteur financier se nourrit de ces spéculations. En juin 2022, à la Bourse de Paris, huit actions de vente ou d’achat sur dix étaient le fait d’acteurs financiers et non de négociants intéressés par la marchandise, et les mêmes proportions se retrouvent sur toutes les Bourses. À cela s’ajoute un autre outil des spéculateurs, le trading haute fréquence, effectué par des ordinateurs qui gèrent des opérations d’achat et de vente, réagissant à la nanoseconde en se basant sur l’anticipation de petits écarts des cours.
La spéculation fait partie du système capitaliste. Chaque période de crise permet de manipuler, d’autant plus avantageusement pour les plus gros acteurs, la prétendue loi du marché. Censée réguler les prix, elle en accentue la hausse.