Grande-Bretagne : un budget de combat contre les travailleurs23/11/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/11/2834.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : un budget de combat contre les travailleurs

Jeudi 17 novembre, le budget présenté par le ministre des Finances, Jeremy Hunt, n’a pas causé de séisme sur les marchés, contrairement à celui esquissé le 23 septembre par son prédécesseur, Kwasi Kwarteng. Mais il n’augure rien de bon pour le monde du travail.

Du côté de la bourgeoisie, pas de panique cette fois-ci : ni la monnaie (la livre sterling) ni les cotations boursières des cent plus grandes entreprises britanniques (le FTSE 100) n’ont plongé. Le nouveau Premier ministre conservateur, Rishi Sunak, devrait donc conserver son poste au 10, Downing Street plus longtemps que l’éphémère Liz Truss. Il a visiblement rassuré les capitalistes en dévoilant, comme attendu, un budget d’austérité. Côté recettes, les plus hauts revenus et les géants de l’énergie vont être mis, un peu, à contribution, pour un montant probable de 14 milliards de livres, qui ne fera qu’écorner les grandes fortunes. Côté dépenses, pour économiser 55 milliards de livres (65 milliards d’euros), Hunt va tailler à la hache dans les dépenses des différents ministères, en diminuant tant la quantité que la qualité des services publics. Et peu importe au multi- millionnaire Sunak que l’addition soit payée par les travailleurs les plus vulnérables pour qui il dit éprouver tant de compassion.

Marquée depuis des décennies par la précarisation de l’emploi et les bas salaires, la situation des travailleurs se dégrade à vue d’œil, au rythme de l’inflation. L’indice le plus optimiste la chiffre à 11 %, le plus réaliste à 14 %. En un an, les prix de la nourriture ont augmenté de 16 % : 10 millions d’adultes et 4 millions d’enfants peinent à faire leurs trois repas par jour. Les factures de gaz et d’électricité ont doublé. Et des millions de foyers voient le montant de leurs remboursements immobiliers exploser en même temps. Cette montée de la misère est d’autant plus choquante que, en pleine crise, les riches s’enrichissent : BP et Shell prévoient des profits de respectivement 20 et 30 milliards de dollars en 2022 ; et les PDG du FTSE 100 se sont octroyé cette année des hausses de salaire de 23 % en moyenne.

Alors, Sunak peut bien tenter de faire diversion en se montrant à Kiev aux côtés de Zelensky et à la COP 27, ou en laissant sa ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, agiter la menace d’une « invasion » de migrants à partir des côtes françaises. Mais la réalité, c’est une économie fragilisée par le Brexit, qui entre en récession.

Ralentissement de l’activité, fermetures d’entreprises : déjà les experts annoncent en 2023 et 2024 une chute des revenus des ménages d’une brutalité sans précédent depuis que ces statistiques existent. Le gouvernement britannique, comme tous les autres, est impuissant face à la crise mondiale, et fait la seule chose qu’il sait faire : présenter la note aux travailleurs.

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