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Leur société
Tribunaux : justice au rabais
Mardi 22 novembre, magistrats, greffiers, avocats, tous les professionnels de justice ainsi que le personnel pénitentiaire et d’insertion étaient appelés à se rassembler devant les tribunaux dans plusieurs villes pour dénoncer une justice au rabais.
Le 18 octobre, la mort subite, en pleine audience, de la vice-présidente du tribunal correctionnel de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, a remis à l’ordre du jour l’état catastrophique du système judiciaire. Une enquête est en cours pour déterminer la part du surmenage dans le décès de cette femme de 44 ans.
Pour ses collègues, il est évident que les conditions de travail intolérables y sont pour quelque chose. Le ministre Dupond-Moretti a fait grand bruit autour d’une troisième hausse de 8 % du budget et a promis de recruter 8 500 magistrats et personnel de justice en plus d’ici la fin du quinquennat.Mais un an après la première grande mobilisation de 2021, la responsable du syndicat de la magistrature constate que « rien n’a changé, au contraire, c’est encore pire ».
La situation est catastrophique pour le personnel parfois réduit à tenir des audiences de nuit se terminant à 5 heures du matin ! Elle l’est autant pour les justiciables car « Qui veut être jugé après 0 heure ? », qui veut être « réduit à l’état de dossiers et de stocks » ? Comme le dit une syndicaliste, comment déplacer une audience de violences conjugales « quand on sait que ça va être renvoyé à dix, douze mois… C’est la vie des gens qu’on a entre nos mains » ?
Selon les statistiques européennes de 2020, pour 100 000 habitants la France comptait onze juges et 36 personnels non juges pour des moyennes européennes respectivement de 22 et 58.
Personnel insuffisant et en grande partie précaire, locaux vétustes, logiciels archaïques : tout cela entraîne des attentes interminables pour appliquer les décisions concernant des affaires courantes comme les divorces, les placements, exécutés des mois après l’audience. Comme le proclamaient les pancartes des manifestants à Nanterre, la politique du gouvernement c’est « Statistique partout, justice nulle part. »