Hôpital Trousseau : épidémie et gestion comptable ne font pas bon ménage23/11/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/11/2834.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital Trousseau : épidémie et gestion comptable ne font pas bon ménage

À l’hôpital pédiatrique Armand-Trousseau, à Paris, le personnel fait face depuis début octobre à l’épidémie de bronchiolite, maladie respiratoire hivernale qui, dans les cas graves, conduit à des hospitalisations. Elle aggrave la situation déjà catastrophique de la pédiatrie.

Cette situation a été dénoncée publiquement par les professionnels du secteur, notamment à Trousseau, où la récente pétition qui interpelle le gouvernement a été largement signée.

Une des médecins réanimatrices est aussi intervenue dans les médias pour dénoncer la dégradation de la prise en charge et le tri des patients, faute de personnel, faisant suffisamment de bruit pour que le ministre de la Santé se sente obligé d’y répondre… en niant les problèmes.

Faute de personnel suffisant, des enfants sont en effet transférés vers d’autres établissements en Île-de-France, et même jusqu’à Rouen ou Lille. Outre que ces transferts augmentent les risques, on peut imaginer l’inquiétude des familles et les difficultés auxquelles elles se retrouvent confrontées. Les transferts mobilisent d’autre part beaucoup de personnel et surchargent le Samu, qui n’a déjà pas besoin de cela.

Si, cette année, l’épidémie est particulièrement forte, elle n’a rien d’inédit, au point que chaque année est déclenché le plan Epiver – pour « épidémies hivernales » – qui permet des ouvertures de lits avec plus de personnel. Les directions des hôpitaux n’ont donc pas été prises par surprise.

Mais, alors que l’épidémie a commencé plus tôt et qu’un premier pic avait été atteint dès la mi-octobre, la direction n’en a pas moins suivi son plan initial. C’est seulement début novembre qu’un service de quatorze lits a été ouvert, mais sans le personnel suffisant : des recrutements en contrat précaire ont eu lieu, des soignants ont été déplacés dans d’autres services, d’autres ont été jetés, à peine formés, dans ce service difficile.

Dans le service de Réanimation, quatre lits ont été fermés. Des enfants attendent parfois dans les couloirs d’être transférés. Les infirmières de Réanimation, qui ne doivent pas avoir en charge plus de deux enfants, sont obligées de dépasser ce ratio. La solution de la direction est de pousser aux heures supplémentaires.

On est donc loin du compte, en termes d’effectif, pour s’occuper correctement des patients et pour que le personnel travaille dans de bonnes conditions. De plus, ce n’est pas le Plan blanc, simple effet d’annonce du gouvernement, qui va changer quoi que ce soit : sa principale mesure est en effet d’autoriser les directions des hôpitaux à rappeler le personnel sur ses congés, donc à l’épuiser encore plus.

Le gouvernement s’en tient à son cap face à cette situation inquiétante. Seule la mobilisation du personnel pourra imposer que ses intérêts et ceux des patients remplacent sa logique comptable.

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