Dans le monde

Grande-Bretagne : Pour une riposte à la hauteur des attaques

Jeudi 10 novembre, la grève des travailleurs du transport, à l’appel du syndicat RMT, a paralysé le métro de Londres pendant 24 heures. Cette mobilisation pour l’emploi et les retraites a rappelé la force que constituent les salariés quand ils cessent le travail.

La vague de grèves amorcée au printemps dernier n’est manifestement pas terminée. Ainsi, les 300 000 membres du Collège royal des infirmières (le RCN) ont voté à une large majorité pour le recours à la grève entre décembre et mai. Les infirmières revendiquent presque 20 % d’augmentation. Un objectif légitime, afin de compenser non seulement la hausse des prix mais l’érosion du pouvoir d’achat au fil des ans ; afin aussi de faire revenir vers les établissements de santé les 40 000 d’entre elles qui ont démissionné, du fait des conditions de travail effroyables. Cela coûterait 9 milliards de livres, une somme exorbitante selon les gouvernants, qui sont moins avares quand il s’agit de renflouer les banques, d’inonder l’Ukraine d’engins de mort ou d’enterrer une monarque. Dans 150 universités, les 70 000 adhérents du syndicat UCU ont eux aussi voté à plus de 80 % en faveur de grèves les 24, 25 et 30 novembre, pour de meilleurs salaires et contre la baisse de leurs pensions. Quant aux 100 000 fonctionnaires réunis au sein du syndicat PCS, ils ont également approuvé le principe de grèves ponctuelles à partir de décembre.

Dans les secteurs du rail et du courrier cependant, les dirigeants des syndicats RMT et CWU, Mick Lynch et Dave Ward, ont décrété le 4 novembre que plusieurs grèves prévues de longue date étaient annulées. Ils ont usé du même prétexte : les employeurs avaient entrouvert la porte et mieux valaient d’ « intenses négo- ciations » que la grève. Leurs discussions de salon n’ont rien donné, bien sûr. C’est une démonstration que, derrière leurs discours à l’occasion combatifs, ils considèrent les travailleurs comme une masse de manœuvre. Chez les cheminots comme chez les postiers, de nouvelles journées de grève restent programmées prochainement. Mais elles ne pourront aller au bout de leurs possibilités et converger avec les luttes à venir d’autres catégories de travailleurs que si elles sont contrôlées par les grévistes eux-mêmes.

Un épisode significatif : le Trade Union Congress (TUC), organisation qui chapeaute la quasi-totalité des syndicats britanniques, a appelé le 2 novembre à un rassemblement devant le Parlement de Westminster. Non seulement ses dirigeants, censés constituer une sorte d’état-major du mouvement ouvrier, n’ont pas cherché à mobiliser au-delà des permanents syndicaux, mais ils ont avancé comme revendication centrale... la convocation d’élections législatives anticipées ! Comme si les travailleurs avaient à placer le moindre espoir dans un futur gouvernement travailliste.

Pour décommander des grèves, les leaders du RMT et du CWU expliquent qu’il faut parfois « des actions mieux proportionnées ». Mais, face à l’ampleur des reculs sociaux en cours, la seule riposte proportionnée est justement cette généralisation des luttes que les bureaucraties syndicales craignent tant. Dans cette épreuve de force, les exploités ne devront pas se laisser arrêter par les obstacles légaux qui servent aujourd’hui d’excuse à l’inaction.

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