Coupures d’électricité : la vague de froid aura bon dos23/11/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/11/P3-2_Coupures_electricite_OK_Lupo_resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C68%2C658%2C439_crop_detail.jpg

Leur société

Coupures d’électricité : la vague de froid aura bon dos

Selon RTE, l’entreprise gestionnaire du réseau électrique en France, des coupures d’électricité pourraient être pratiquées en janvier en cas de vague de froid.

Illustration - la vague de froid aura bon dos

Elles auraient lieu par tranches de deux heures, entre 8 h et 13 h le matin et entre 18 h et 20 h le soir, et seraient tournantes, affectant un département puis un autre, touchant à chaque fois environ 200 000 ménages.

Le gouvernement, qui a confirmé ces annonces, voit sans doute là un moyen de mettre en condition la population. Ces menaces de coupures s’intègrent dans sa propagande sur la nécessité d’économiser l’énergie, d’accepter les pénuries et surtout des hausses de tarifs. Si des personnes se retrouvent dans le noir et sans chauffage, il en attribuera la faute à tous ceux qui n’auront pas été assez sobres, alors qu’ils auront été prévenus. À l’inverse, si l’hiver se déroule sans coupure, il pourra dire qu’il a bien géré son affaire.

RTE a aussi osé faire retomber la responsabilité de la mise à l’arrêt de certaines centrales, dont la production va manquer, sur le dos des grévistes qui se sont battus pour des augmentations de salaire en septembre et octobre. Mais en réalité ni eux, ni la consommation des particuliers, ni la météo ne seront responsables des éventuelles coupures. Elles seront la conséquence du manque considérable de maintenance et d’entretien du parc nucléaire, dont EDF et l’État portent la responsabilité. Fin octobre, sur un total de 56 réacteurs nucléaires, une trentaine étaient à l’arrêt : un peu plus de la moitié pour de l’entretien et des visites décennales planifiées, mais douze pour des problèmes bien plus graves, dits de « corrosions sous contraintes ». Selon le président de l’Autorité de sûreté nucléaire, organisme chargé de la sécurité de ces centrales, EDF a fait montre d’un défaut d’anticipation en ne prévoyant pas les marges minimales de production d’électricité pour faire face à un éventuel problème de sûreté comme celui-ci.

Ces problèmes de corrosion ne touchent pas les réacteurs les plus anciens, mais au contraire les plus récents et les plus puissants. Selon cet expert, il s’agit d’un problème inédit et sérieux, et « dont les réparations seront assez complexes ». En plus de la douzaine de réacteurs déjà mis à l’arrêt, d’autres pourraient l’être dans les semaines ou les mois qui viennent. Ce responsable dénonce aussi le manque de moyens criant depuis des années pour la gestion et l’entretien du parc nucléaire et la perte de compétences qui va avec. Des milliers d’ingénieurs, de soudeurs, de tuyauteurs… devraient selon lui être formés chaque année pour rattraper ce retard. D’autant plus que l’État parle de prolonger la vie des centrales nucléaires les plus anciennes au-delà de 50 voire 60 ans, alors qu’aucune n’a été conçue pour cette longévité, explique-t-il. Ce n’est pas un militant anti-nucléaire qui parle, mais le directeur d’une agence étatique chargée de la sûreté.

En fait, EDF a profité de sa capacité à produire et exporter de l’électricité très bon marché fournie par ses centrales nucléaires pour accroître ses bénéfices sans faire les investissements nécessaires. D’autant plus qu’il lui a aussi été imposé, suite à l’ouverture du marché de l’électricité, de vendre à prix coûtant un quart de cette électricité à d’autres distributeurs privés comme Engie, TotalEnergies, ENI et d’autres. Tous se sont gavés de profits. Mais aucun n’a voulu prendre en charge la pérennité de la poule aux œufs d’or.

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