Gauche : et maintenant l’opération Taubira29/12/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/12/2787.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Gauche : et maintenant l’opération Taubira

Christiane Taubira ne devrait officialiser sa candidature à l’élection présidentielle que début janvier, mais elle est déjà en campagne.

Sur le marché de Noël à Saint-Denis, à l’hôpital de Vierzon, à Cergy dans un centre d’hébergement d’urgence et dernièrement dans une tribune publiée par Le Monde, elle a affirmé constater « une attente colossale à gauche ». Pendant ce temps, ses soutiens, au premier rang desquels Guillaume Lacroix, le président du Parti radical de gauche, testent discrètement les responsables politiques. Certains n’y sont manifestement pas insensibles. Sandrine Rousseau, recalée comme candidate écologiste au profit de Yannick Jadot, déclare ainsi se réjouir d’une candidature Taubira, tout en affirmant toujours soutenir le candidat écologiste qui n’a pourtant pas de mots assez durs sur la même Taubira.

Celle-ci affirme représenter « les dernières chances de l’union de la gauche ». Le pari serait de devenir celle qui, à l’issue d’une primaire l’opposant principalement à Anne Hidalgo, suivie de quelques sondages favorables, réussirait à marginaliser les autres candidats de gauche, voire les obligerait à se ranger derrière elle. Dans cette opération politique, elle pense pouvoir miser sur une certaine image et une popularité notamment acquise grâce à son franc-parler face aux immondes attaques racistes subies lorsqu’elle défendait la loi faisant de l’esclavage et de la traite négrière un crime contre l’humanité ou celle autorisant le mariage pour tous. Mais cette image, et même selon certains, cette « aura » ne peuvent faire oublier qu’elle fut ministre de la Justice de François Hollande de 2012 à 2016, côtoyant Macron au gouvernement et cautionnant les pires attaques contre le Code du travail. Et quand Taubira dénonce la situation dans les hôpitaux, bien des soignants présents doivent se souvenir que la politique actuelle de destruction de l’hôpital n’est que le prolongement de celle menée par les gouvernements de Hollande dont elle faisait partie.

Aujourd’hui, face à l’arrogance d’un Macron et d’une Pécresse, à la montée de l’extrême droite et à la désunion de la gauche, une partie de ses électeurs traditionnels se sentent orphelins d’un candidat. L’opération Taubira vise à capter cet électorat pour s’imposer face aux autres prétendants. Le moins que l’on puisse dire est que ce n’est pas gagné.

Une femme considérée comme providentielle parce qu’elle a laissé un souvenir un peu moins mauvais que ceux qu’elle a côtoyés au gouvernement suffira-t-elle à redonner un peu de cette crédibilité électorale à la gauche ? En tout cas, même avec Taubira à sa tête, une nouvelle mouture de l’Union de la gauche ne pourrait qu’accoucher une fois encore de gouvernements à plat ventre devant le patronat, avec les mêmes résultats désastreux.

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