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Dans les entreprises
Patrons de l’automobile : l’État roule pour eux
« Au cours de cinq prochaines années, nous devons digérer 10% de productivité par an (...) dans une industrie habituée à délivrer des gains de 2 à 3% de productivité. »
C’est par ces mots que mercredi 8 décembre Carlos Tavares, le PDG de Stellantis (groupe PSA-Fiat-Chrysler), a annoncé sa nouvelle déclaration de guerre contre les travailleurs du trust.
Depuis des années déjà, les suppressions massives d’emplois permettent aux patrons d’augmenter la productivité, en accroissant l’exploitation aussi bien dans les usines de montage que dans celles des multiples sous-traitants. Ainsi, entre 2008 et 2019, selon l’Observatoire de la métallurgie, 76 000 emplois ont été supprimés dans toute la filière automobile française. De nombreuses fonderies ont été fermées et les travailleurs jetés à la rue. Et encore, ce chiffre ne prend pas en compte les intérimaires ou autres précaires licenciés en silence.
Pour justifier cette nouvelle amplification des attaques, Tavares utilise comme prétexte la transition énergétique. « Ce qui a été décidé, c’est d’imposer à l’industrie automobile une électrification qui ajoute 50% de coûts additionnels à un véhicule conventionnel », a-t-il déclaré, pour immédiatement réclamer à l’État de financer les investissements nécessaires : « Il est impossible que nous répercutions 50% de coûts additionnels au consommateur final, parce que la majeure partie de la classe moyenne ne sera pas capable de payer. » En alternant mensonges, pleurs et menaces, les patrons de l’automobile obtiennent gain de cause, puisque les aides pleuvent.
Ce n’est pas que les trusts de l’automobile soient en difficulté, au contraire même. Mais, pour eux, la transition énergétique n’est qu’un nouveau champ de bataille pour accroître leurs profits. Avec la perspective de voitures électriques connectées, dont il faudra réactualiser les logiciels tous les trois mois, Tavares mise sur un marché de plus en plus restreint, mais de plus en plus profitable. À tel point que, dans une autre interview, il promet, aux actionnaires cette fois, 20 milliards d’euros de revenus supplémentaires d’ici 2030.
Quant à la difficulté de se payer une voiture, électrique ou pas, elle résulte du choix des constructeurs, concentrés depuis longtemps sur les voitures haut de gamme. En dix ans, les prix des voitures neuves ont augmenté de 35 %, selon l’Argus de l’automobile, pour atteindre en moyenne 26 000 euros. En 2020, 2,3 % seulement des ménages ont pu acheter une voiture neuve, contre trois fois plus dans les années 1990. Mais la réduction du marché est loin de signifier la baisse des bénéfices. Au premier semestre 2021, PSA a réalisé six milliards de profits, soit trois fois plus qu’en 2020, sur la moitié de l’année seulement. Le tout en vendant moins de voitures !
Toute la logique capitaliste est concentrée là : exploiter davantage les travailleurs, chercher le marché le plus profitable… et compter sur les milliards de l’État.